Fiche réalisée par un groupe de la SIE26 de l’EGE sous la direction de Christian Harbulot. Ce travail de documentation s’inscrit dans le cadre de la réflexion menée au sein du CR451 sur le concept de prédation économique.
La Libye fait l’objet de luttes d’influence entre différents acteurs étrangers. En effet, depuis l’intervention militaire occidentale et la chute du régime de Kadhafi, l’instabilité politique et la guerre civile persistantes favorisent l’arrivée de puissances étrangères souhaitant étendre leur influence en Afrique, utilisant la Libye comme porte d’entrée. Les réserves en pétrole et en gaz étant respectivement estimées à 48 milliards de barils et 53 mille milliards de pieds cubes, la Libye est de facto le premier réservoir d’Afrique et le troisième producteur du continent, après le Niger et l’Algérie.
Le principal attrait économique de la Libye réside donc dans les réserves énergétiques de son territoire, suscitant la convoitise de plusieurs puissances étrangères mais également d’acteurs locaux. Cette étude propose une analyse des différents acteurs présents en Libye pour défendre leurs intérêts économiques et politiques en profitant du chaos ambiant. Pour cela, une distinction est opérée entre les puissances étrangères – à l’instar de la Turquie, de la Russie ou de la France – et les acteurs intérieurs – comme la famille Haftar ou les différentes milices locales.
Bien qu’il soit difficile de qualifier la finalité des activités des puissances étrangères dans ce pays, il existe toutefois une réelle stratégie d’influence de la part de la Turquie, de la Russie, de l’Egypte ainsi que des Émirats Arabes Unies et de l’Arabie Saoudite. De surcroît, les puissances comme
la Russie, la France ou l’Italie souhaitent promouvoir leurs intérêts économiques, notamment en matière d’approvisionnement énergétique, mais également étendre leur influence en Afrique et en Méditerranée par le biais de la Libye. Les entreprises de ces différents pays sont très présentes dans le secteur énergétique à l’instar de Total, ENI, Shell, BP… La Turquie est, sans doute, la puissance étrangère la plus active en Libye afin de défendre ses intérêts économiques, puisque son intervention politique a été corrélée à ses intérêts stratégiques en matière économique. À cet effet, Murtaza Karanfil – chef de la représentation libyenne de l’association des industriels et hommes d’affaires indépendants (MUSIAD) – joue un rôle central dans la promotion des intérêts économiques turcs en Libye.
En revanche, il existe une réelle prédation économique en provenance d’acteurs locaux notamment de la part des milices implantées dans la partie ouest de la Libye et de la famille Haftarn contrôlant l’Est du pays. Les activités des milices sur le territoire libyen lèsent la population locale en diminuant la quantité de carburant raffiné disponible. L’eau est également utilisée comme monnaie d’échange pour obtenir le soutien de la population.