A propos

La guerre économique est restée longtemps un domaine quasiment inexploré par le monde académique. La guerre froide avait focalisé l’attention des chercheurs sur les rapports de force entre Blocs. L’après-guerre froide a engendré dans les deux premières décennies une vision unipolaire du monde centrée sur la régulation des échanges et la prédominance du marché soutenu par la mondialisation. Depuis la crise de 2008, le monde est entré dans une nouvelle phase d’évolution qui remet en cause les idées reçues sur un monde pacifié par un « doux commerce ».

Les aspects contemporains de la guerre économique sont perceptibles sur plusieurs champs d’analyse :

  • L’accroissement de puissance par l’économie est une grille de lecture indispensable pour comprendre la manière dont trois pays asiatiques ont articulé leur vision politique avec un processus de développement dans un contexte de rapport de force géopolitique très tendu.
  • Le dépassement des problématiques de conquête (colonialisme et impérialisme) est aussi une grille de lecture novatrice dans la mesure où elle met en lumière les nouvelles méthodes de domination d’un Etat sur un autre par le biais de l’économie au sens large du terme. La création d’une dépendance « invisible » est un processus de domination de nature cognitive (normes, références éducatives dans l’enseignement supérieur et la recherche), domination par le Droit.
  • La question de la suprématie informationnelle est restée longtemps cantonnée au décryptage des stratégies d’influence datant de l’ère des affrontements idéologiques déclenchés par les partisans du communisme contre le modèle capitaliste. La focalisation sur le danger provenant de l’Est a formaté le champ d’analyse des experts et des chercheurs occidentaux ainsi que celui de leurs alliés. L’étude de la question très sensible de la suprématie informationnelle a été pénalisée par cette approche réductrice. La guerre économique a permis d’ouvrir le champ de vision et de donner un éclairage nouveau sur les modes opératoires et leurs résultats.
  • La distinction à faire entre les processus de conquête dans le monde matériel et immatériel implique la conception de nouvelles grilles de lecture appropriées à l’apparition des nouveaux types de rapports de force (recherche de cybersécurité, guerre de l’information par le contenant et le contenu).

L’évolution conflictuelle et multipolaire du monde nous légitime d’autant plus pour combler ces différentes lacunes ou angles morts de la recherche académique classique. C’est la raison d’être de cette école de pensée sur la guerre économique. Les cinq créateurs de l’EPGE, Christian Harbulot, Nicolas Moinet, Eric Delbecque, Ali Laïdi, Olivier de Maison Rouge, mènent chacun dans leur domaine des travaux sur cette problématique depuis de nombreuses années. Christian Harbulot a entamé cette démarche en se faisant confier par le Ministère de la Recherche la rédaction d’une étude intitulée Techniques offensives et guerre économique en 1989. C’est le point de départ d’une dynamique de recherche qui a aujourd’hui plus de trente ans d’existence.