
Par Christian Harbulot.
Le monde de l’intelligence économique est un milieu qui ne parle pas beaucoup de lui-même à la première personne. Et c’est sans doute son principal point faible. S’enfermer dans le monde du secret des affaires est un impératif auquel il ne peut échapper pour des raisons évidentes.
Mais cette forme de repli sur soi enferme d’une certaine manière le monde de l’intelligence dans un ghetto cognitif dont il est difficile de sortir.
Nicolas Moinet a cette particularité d’être passé de l’autre côté du miroir. Il a osé parler de lui-même, de son voyage personnel dans ce monde particulier qu’il a connu dès les premières années de son émergence en France.
Il est devenu, au fil des années, le témoin et l’acteur d’un étrange engagement : servir une certaine idée de la France, celle d’un pays déchiré par son histoire, fracassé par ses guerres, et incapable de dire non à cette posture de soumission dans laquelle son peuple se laisse vivre depuis des dizaines d’années.
Sans uniforme, ni lettre de mission, il fait partie des lucides qui ne baissèrent pas les yeux en maugréant. Avec le recul du temps, on découvrira peut-être à quel point cet objectif semblait impossible à atteindre. Mais qu’importe, cela en valait la peine.
C’est ce recul sur les évènements passés et présents que l’on découvre page après page. Au fil de ses sentiers de la guerre économique (tome 1 puis 2), Nicolas Moinet humanise un combat qui n’intéresse personne ou si peu.
Mais il arrive pourtant à tracer les contours de cette minuscule « armée des ombres » qui, dans une guerre si peu visible, essaie de défendre les intérêts économiques de la France par un usage pertinenet et souvent offensif de l’information et de la connaissance, .
Habituellement, un professeur d’université trace une frontière étanche entre son savoir et sa vie. Celui-ci réconcilie les deux. Et c’est justement la force méconnue de cette nouvelle catégorie d’auteurs qui unifie la théorie et la pratique au service d’une cause qui ne doit surtout pas être perdue.
