L’association RIF (Retour de l’Industrie en France) sort son second ouvrage en décembre 2023. Il a pour objectif de mobiliser les énergies pour appuyer les décisions à prendre sur le sujet vital de la reconstruction du tissu industriel français.
Préface
Par Christian Harbulot
Le temps presse. Le monde tremble sur ses bases : la France ne saurait continuer à s’affaiblir. La réindustrialisation reste encore un mythe pour beaucoup, nombre de responsables du monde économique ayant toujours du mal à admettre le changement de paradigme auquel nous assistons.
Le marché et la finance ne sont plus les régulateurs du fonctionnement de l’économie mondiale comme il était courant de l’entendre depuis plusieurs décennies. Si la mondialisation des produits continue à jouer un rôle fondamental dans l’essor des sociétés de consommation, le durcissement des rapports de force entre puissances prend une importance telle qu’elle change la donne de la compétition économique internationale.
La rupture partielle intervenue entre la Chine et les États-Unis depuis la présidence Trump – rupture non remise en cause par son successeur – change radicalement l’image unifiée que le commerce mondial avait donnée à voir depuis l’effondrement de l’Union Soviétique.
Le tryptique « coopération, compétition, confrontation » sert aujourd’hui de cadre structurel aux relations tendues entre Washington et Pékin. La nouveauté est ici l’idée d’une possible confrontation. Or à partir du moment où ces deux grands pays envisagent une telle hypothèse, on ne saurait continuer à analyser les relations internationales comme on l’a fait jusqu’alors.
Un autre tryptique nous concerne encore plus directement : « crise COVID, guerre en Ukraine, crise africaine ». La crise COVID nous a rappelé l’importance de la notion de dépendance. Souvenons-nous en effet de ce temps où le général de Gaulle avait cherché à réduire l’importance de notre dépendance à l’égard des grandes compagnies pétrolières étrangères. La guerre en Ukraine a démontré l’importance des enjeux économiques qui dépassent le strict cadre de l’économie de guerre. La crise africaine met en exergue les risques de déstabilisation migratoire liés à l’évolution des situations conflictuelles sur ce continent. Autant d’enjeux soulignant l’impérieuse nécessité de « réarmer » industriellement la France, réindustrialisation dont les retombées ne manqueront pas de se faire ressentir dans la vie quotidienne de la population.
À celles ou ceux qui pensent que ce serait trop tard, que le mal serait fait, peut-être faut-il leur rappeler que des pays plus faibles que nous sur le plan économique ont relevé ce défi. Pensons à tirer les leçons des deux cas d’école que sont les cas sud-coréen et chinois. Après la guerre de Corée, la Corée du Sud était un pays pauvre avec très peu d’industries. Elle est aujourd’hui un compétiteur très actif qui a comblé son retard dans bien des domaines, y compris ceux de la Défense. La Chine de Mao était un pays qui sortait à peine du tiers-monde. Elle est aujourd’hui sur le point de se hisser au plus haut niveau de l’économie mondiale.
Dans cette nouvelle forme de défi collectif, les acteurs de la société civile, tels que l’association « Retour de l’Industrie en France », doivent urgemment entrer en scène :
- En distillant dans le maximum de milieux l’idée de la réindustrialisation avec la réinstallation d’activités industrielles délocalisées.
- En contribuant à la production et à la circulation des connaissances utiles qui permettront de suivre les différentes expériences constructives initiées dans les territoires.
Ce travail de longue haleine doit être soutenu par les forces vives de notre pays. Si l’attractivité du capital étranger permet de mesurer l’usage du potentiel français, il est au moins aussi important de valoriser la créativité de nos propres ressources locales.
Je tiens à saluer la pertinence du combat mené par le RIF pour le devenir industriel de notre pays.
Longue vie au RIF !