L’arme de la dépendance

Par François Soulard

Auteur de l’ouvrage Une nouvelle de confrontation informationnelle en Amérique Latine, coordinateur de la plate-forme de communication Dunia, novembre 2023.

La France rouvre peu à peu les yeux sur le monde rude et hostile qui l’entoure. Comme d’autres, elle avait caressé l’idée de « fin de l’histoire » que les vainqueurs de la Guerre froide avaient pompeusement insinué sous l’effet de la supériorité morale et politique ressentie après 1991. Elle s’était imaginée cheminer sans trop d’encombres vers un modèle multiculturel, prétendant incarner ses aspirations universelles et humanistes, tout en faisant reposer son contrat social sur la société de consommation. À maints égards, elle a ajourné les réformes nécessaires pour se ouater dans un microcosme exaltant les événements secondaires qui l’affectaient, élever en valeurs sociales les déséquilibres sociaux qui la tiraillaient et se tenir ainsi à distance des grands chamboulements de l’époque. L’Europe toute entière a pensé qu’il suffisait de renoncer aux rapports de force pour vivre dans une paix adossée au marché commun et au parapluie sécuritaire des États-Unis.

Fin des illusions ? Pas encore. Mais le réveil est d’ores et déjà rude. La géopolitique, c’est-à-dire l’ethos des peuples, leur volonté et leur passion, a fait son retour, feutré et fracassant. Depuis trois décennies, une mosaïque de mondes, de groupes organisés et d’États, affirment leur désir de façonner le monde et d’en payer le prix par la confrontation ou la compétition. Le choc militaire en Ukraine rappelle aux Européens que le politique n’a pas lâché la main de la soumission par la violence physique et l’anéantissement. La guerre civile plane au-dessus de la France. Sa balance commerciale déficitaire est moins due à l’incertitude intrinsèque des marchés qu’à l’absence de combativité de ses élites dans la compétition économique globale.

Le nouveau décor conflictuel

D’une manière générale, une conflictualité plus entrelacée et vigoureuse a planté son décor sous toutes les latitudes où se sont déployées les interdépendances mondiales. N’en déplaise aux irénistes de tout poil, la paix n’est plus le substantif aussi net et catégorique qui caractérise l’état des sociétés européennes, quand bien même jouissent-elles d’un niveau de vie exceptionnel et d’une santé interétatique enviable. L’ambiance de confrontation est palpable, avec ses lignes de front à la fois intérieures et extérieures, son lot de tensions idéologiques et morales et certaines manifestations éruptives. Hormis le soldat, les citoyens, l’écolier ou l’enseignant n’en sont pas des sujets passifs comme nous le rappelle très bien le sort de Samuel Paty et Dominique Bernard. L’esprit, l’identité, les perceptions, le substrat psychoémotionnel et la force morale sont d’ailleurs les moteurs et la cible1 principale de cette conflictualité.

La dépendance occupe une place nouvelle et singulière dans ce paysage conflictuel2. L’évolution de l’échiquier conflictuel depuis plusieurs décennies montre que le changement d’un rapport de force peut être obtenu à travers un maillage d’influences et de dépendances, activé sur différents terrains et de manière non coercitive. L’action coercitive reste un moyen, contraignant, destructif et limité dans le temps, pour imposer sa volonté par la force. Mais elle est relativisée par le fait que la finalité du conflit n’est pas purement et simplement de détruire physiquement un ennemi. Celle-ci est surtout de réduire une entité adverse à une situation d’impuissance stratégique, voire de réduire cette entité à une addition d’individus privés de volonté collective. L’allusion entre cette définition et la situation sociétale brossée en introduction n’est pas du tout fortuite.

Avant l’âge du nationalisme, on partait essentiellement en guerre avec les mercenaires du suzerain pour arracher à l’ennemi une portion de territoire par l’issue de la bataille militaire. À partir du XVIIIe siècle, le nationalisme et la démocratie dessinent un tout autre visage de la guerre. Les masses rassemblées autour de leur cause nationale guerroient en soulevant toutes leurs composantes : l’économie, le social, l’espace informationnel, le politique, la force morale et culturelle, le militaire. L’ère de la guerre totale, en tant que continuité du politique comme le soulignèrent Clausewitz ou Machiavel, entraina le paroxysme guerrier qui déboucha finalement sur le suicide de l’Europe en 1945. Avec l’ère nucléaire, cette issue destructrice gèlera pour un moment le sort de l’affrontement absolu. Mais le conflit, volonté d’être au monde et de modifier un ordre établi, ne s’arrêta pas pour autant.

Après la Guerre froide, une nouvelle ère conflictuelle émerge. La globalisation rabat les cartes de l’économie et de la sphère informationnelle. La compétition géoéconomique devient globale, tandis que les frictions se multiplient sur tous les terrains d’interdépendance. Les régimes politiques gagnants de la tension Est-Ouest, et en particulier le plus puissant d’entre eux, les États-Unis, s’arment sur le plan géoéconomique et informationnel. Pour autant, l’Amérique s’égare dans des aventures impériales en Irak et en Afghanistan, pendant que les anciens empires travaillent à leur retour. L’Europe, en apparente réussite politique vu son élargissement, s’égare, elle, dans le renoncement. Sa culpabilité d’antan lui fait tourner le dos au basculement du monde qui s’annonce. Désarmement, désindustrialisation (nuancée suivant les pays), fragmentation interne, confort consumériste, hédonisme et affaiblissement culturel, arrêt des moteurs de son modèle social. Certains intellectuels continuent même de prêcher l’idée d’« impuissance de la puissance ». La paix (par refus de puissance), la tolérance et l’inclusion, autant de valeurs hautement respectables, sont érigées en repères cardinaux pour redorer la posture consentie de cet effacement.

Les contestataires d’un monde encore tenu par le monopole occidental ont eu tôt fait d’interpréter ce geste comme une concession. Parmi eux, le président Vladimir Poutine en février 2022 et bien d’autres avant. Tandis que le narcissisme coupable fait le lit de l’anti-occidentalisme ou du décolonialisme jusqu’en Afrique, la tolérance et l’inclusion ont ouvert la porte au cheval de Troie de l’islamisme offensif et de la déconstruction culturelle de l’intérieur. Dans le domaine économique, les élites européennes, en embrassant les lois de la concurrence parfaite et le management à l’anglo-saxonne, ont détourné le regard de la guérilla économique dirigée contre elles par la Chine et les États-Unis.

Le modus operandi des dépendances

Le bilan est affligeant. Reclus des tourments de la planète, les Européens se sont ainsi attirés d’autres foudres conflictuelles et se retrouvent paradoxalement comme le Roi nu face à l’arène stratégique contemporaine. Pour en arriver là, il a fallu l’intériorisation du « plus jamais ça » des deux Guerres mondiales et son narcissisme coupable, comme on l’a vu. Mais il a fallu aussi un modelage culturel exercé sur les masses européennes et engrammé sous forme de dépendance. Les bâtisseurs de l’ordre global postérieur à 1945 ont sciemment travaillé à bâtir une Europe à la fois stable et non menaçante vis-à-vis de leur ambition géopolitique. La « rééducation », énoncée par le philosophe américain Sydney Hook, a consisté à introduire dans le tissu culturel de l’Europe des éléments favorables à la puissance nord-américaine tout en étant compatible avec sa matrice identitaire et culturelle. Pénétrant par le bas à travers la culture de masse, elle a percolé également par le haut par la formation des élites européennes (appui aux gauches non communistes, regroupement des intellectuels autour du Congrès pour la liberté de la culture, partenariats universitaires et grandes écoles, plan Marshall, etc.).

Dans la lignée des visions de Joseph Nye, infuseur d’un rôle renouvelé des États-Unis dans le monde unipolaire, la connaissance a été utilisée pour modeler le paysage intellectuel de ses alliés et limiter ses réticences. En Allemagne, le grand cousin atlantiste a fait en sorte d’« implanter » sur chacun des mythes3 et des racines identitaires germaniques un germe atlantiste dans l’optique de réduire la voilure de sa puissance sur le long terme. En parallèle, des opérations couvertes de guerre économique ont été menées pour acquérir certains actifs stratégiques et limiter la reconstruction de sa puissance industrielle.

Au bout du compte, ces quelques décennies d’action cognitive en Europe ont incubé à l’intérieur de la société même une matrice de dépendance ancrée sur l’atlantisme étasunien. Elle a abouti à une incapacité à assumer une véritable autonomie stratégique, sans que cette incapacité ait été imposée sous la contrainte ou ait suscité une réaction immunitaire. Il s’agit d’un modèle du genre sur le plan géopolitique en matière de modelage cognitif.

Dans l’exemple européen, l’emprise structurelle a été mise en place après 1945, mais a commencé en réalité dès la Grande Guerre. Dans l’absolu, une influence de ce type peut très bien s’organiser en amont de l’affrontement armé. Choc militaire ou pas, cette modalité est devenue emblématique de la conflictualité, et particulièrement de l’expression contemporaine de la puissance4. Exercée sans distinction en temps de paix et en temps de guerre, entre alliés ou ennemis désignés, avec ou sans rixe militaire, le gouvernail stratégique des puissances recourt désormais à l’établissement de dépendances dans l’optique de briser une volonté et d’inscrire une entité rivale dans un maillage conditionnant ses marges de manœuvre. Un tel maillage est susceptible de se déployer simultanément dans plusieurs domaines : militaires, politiques, économiques ou encore cognitifs et psychologiques, à l’échelle aussi bien des individus et des masses sociales que des États et des acteurs économiques.

Extension du domaine de l’emprise et de la lutte

Pour saisir pleinement cette évolution, il faut insister sur le fait que l’ère conflictuelle contemporaine est reconfigurée par deux mouvements telluriques. D’une part, celui d’un choc multipolaire des puissances, dont une poignée d’entre elles remet en question l’ordre occidental et son monopole dans le but de le scinder en deux systèmes divergents. D’autre part, l’élargissement de la guerre aux nouvelles aires économiques, virtuelles ou cognitives. Celle-ci s’étend jusqu’au noumène des sociétés, c’est-à-dire jusqu’aux ressorts intérieurs des individus, des groupes et des masses qui mettent en contact leur volonté à travers leurs appareils stratégiques. Les frontières entre guerre et paix se sont estompées, de même qu’entre les théâtres opérationnels. Le feu a perdu en partie sa préséance, tandis que l’arène stratégique est devenue permanente et systémique. La guerre par le milieu social (political warfare en anglais) incarne par excellence cette modalité furtive ciblant les strates endogènes de la société. Celle-ci renvoie à l’ensemble d’actions entreprises pour altérer la structure sociale et cognitive d’un concurrent que l’on désire contester, combattre ou concurrencer.

Voici venu le temps des guerres cognitives et des luttes à front renversé. L’affrontement s’est déplacé vers l’intérieur des sociétés, de manière couverte, furtive, indolore et le plus souvent légale. Ce faisant, les ressources morales, culturelles et intellectuelles des Nations se voient remises au premier plan. Rien de cela n’est complètement neuf si l’on considère que la ruse ou l’action psychologique appliquée sur l’arrière de l’ennemi remonte à Thucydide. La nouveauté relève avant tout de l’extension du spectre conflictuel, dans son caractère systémique et permanent.

Les manœuvres cognitives

À ce stade du cheminement, d’aucuns pourraient suspecter que tout phénomène social est dénué de spontanéité et se trouve relié inévitablement à une arrière-pensée conflictuelle ou manipulatrice. Cette posture n’est pas tout à fait abracadabrante, la réalité étant bien entendu loin d’être aussi simple. Il est indéniable que dans les régimes politiques ouverts, le climat de montée en puissance stratégique et la perméabilité aux flux informationnels ont fait advenir une réalité plus pénétrable, épaisse, moins déchiffrable et de ce fait déconcertante. Le climat interne des démocraties s’est tinté de confusion, d’hystérie ou de gaslighting comme le nomment les Anglo-saxons. Post-vérité et apocalypse cognitive5 diront certains. Transparence et hyper-réalisme diront d’autres, dans la mesure où quasiment toutes les forces téléologiques se sont invitées dans l’espace informationnel et s’offrent ainsi à la vue de tous. Pour qui sait radiographier cet espace broussailleux et dédaléen, les plans et les manœuvres de leur architecte sont devenus brutalement visibles.

À l’échelle du court et moyen terme, identifier les manœuvres cognitives à l’œuvre débouche sur une partition très variée et disparate. De l’agnotologie (par exemple la fabrique du doute sur la guerre en Ukraine ou les intrants phytosanitaires en agriculture), à la polémique (critique de l’alarmisme et du réchauffement climatique), aux incitations comportementales (approche nudge mobilisée durant la COVID-19) jusqu’à l’ingénierie sociale (façonnement de la foi dans l’État-providence et la consommation), le registre est prolifique et mériterait un développement à part entière. Contrairement à certaines idées reçues, ce type d’influence ainsi que la désinformation ne sont pas obligatoirement les plus préjudiciables pour le sort d’une Nation.

L’emprise cognitive la plus dommageable est celle qui s’opère sur une plus grande profondeur et longueur d’onde. Elle renvoie au tableau que nous avons mentionné plus haut et à ses causalités. La dépendance de la France à l’égard d’autres systèmes de référence, l’altération de la grille de lecture de ses élites et la modification de sa matrice identitaire sont trois dynamiques à la source d’un déclin régulier de son modèle social et de sa puissance. L’éducation en est l’un des terrains emblématiques. En matière d’état des lieux, le classement éducatif PISA dresse un bilan sans appel. En l’espace de vingt ans, le recul éducatif des Français est net6 avec 40 % des collégiens de sixième ne maîtrisant ni la lecture, ni l’écriture, ni le calcul. L’érosion de la transmission des connaissances et de l’éthique du travail (priorité mise sur l’empathie envers les élèves et les familles) s’est opérée de concert avec un excès de centralisation administrative et une formation insuffisante des enseignants. La substitution plus récente de l’objectif de transmission des connaissances par celui de mixité sociale a parachevé cette tendance.

La doxa constructiviste

À partir des années 1970, sous l’influence de l’école post-moderne française et de l’école de Francfort, l’approche constructiviste est devenue un courant dominant dans la formation initiale et continue des enseignants. Rétif au behaviorisme, ce courant a fait par ailleurs écho aux questionnements épistémologiques soulevés par Piaget, Valéry ou Dewey relatifs aux modes de connaissance et la nature « projective » du savoir. En pratique cependant, l’assimilation du constructivisme s’est effectuée de manière dogmatique, en écartant sa dimension transmissive et dynamique. Centrée sur la démarche de l’apprenant, l’approche se détourne de la transmission de briques cognitives, entendues comme la possibilité de fournir de multiples représentations pouvant faciliter l’interprétation du réel7. Selon le philosophe australien Michael Mattews8, « bien que le constructivisme ait commencé comme une théorie de l’apprentissage, il a progressivement étendu sa domination, en se transformant en une théorie de l’enseignement, de l’éducation, de l’origine des idées et de la connaissance personnelle, ainsi que de la connaissance scientifique. Il est devenu la version éducative de la « grande théorie unifiée ». Les deux chercheurs québécois Clermont Guatier et Anthony Cerquat ajoutent qu’il a constitué un référentiel ayant irrigué les systèmes éducatifs aux niveaux local, national et global9. Précisons à notre tour que la perspective constructiviste a été subtilement utilisée sous certaines latitudes (non-européennes) dans le but de tirer vers le bas le système éducatif national tout en exhibant un horizon émancipateur.

En parallèle, d’autres visions post-modernes ont vu le jour dans les années 2000, notamment celles de Antonio Negri, Michael Hardt ou encore John Holloway dans le champ des sciences politiques et de l’économie. Relativement encensées par les médias américains et européens, elles postulèrent l’obsolescence du nationalisme et de la souveraineté dans les forces susceptibles de modifier l’état actuel du système international. La résistance face au choc des nationalismes économiques serait censée passer par des contre-pouvoirs réticulaires mis en place depuis la société civile. Ironie de l’histoire, ces thèses ont fourni une aubaine à qui prétend baisser la garde intellectuelle des États rivaux et rendre moins déchiffrable la collision géopolitique qui se déroule sous nos yeux. Leur propagation a permis de saper la légitimité du discours sur la recherche de puissance qui pouvait naître en Europe au nom de l’opposition aux monopoles politiques et à la défense des opprimés. Par ailleurs, si l’opposition à l’école néolibérale10 et à son influence institutionnelle est légitime, son simple rejet ne reste qu’un épiphénomène au regard de la nature des confrontations en jeu.

La promotion de ces thèses sera poursuivie jusqu’à aujourd’hui par l’appareil d’influence étasunien, en particulier par les courants globalistes, notamment ceux liés à l’écosystème de l’Open Society Foundation qui travaille depuis les années 1980 à façonner un monde post-souverainiste, docile et perméable. Au cours des dernières années, cette démarche a été galvanisée dans le milieu social et universitaire par le courant wokiste, pivotant sur le rejet du savoir envisagé comme levier de pouvoir (donc comme une emprise), courant dont se réclame d’ailleurs l’ancien ministre Pap Ndiaye.

Vers un relèvement de l’esprit

Ce prisme laisse entrevoir comment le virage entrepris, sous couvert d’affichage progressiste, vers l’inclusion, la mixité et la lutte contre les discriminations a mené pas à pas à dénaturer le socle d’une éducation républicaine forgée à l’époque d’une démocratie vigoureuse et conçue pour élever le capital cognitif de la société. D’une certaine manière, le système éducatif a été subverti et placé sous dépendance, dans le sens où ses grilles de lecture en amont ont été altérées au moment même où l’environnement socio-politique demandait d’enrichir les clés cognitives d’interprétation du monde. Cette transformation, assumée par les élites internes du pays en collusion avec un faisceau d’influences externes, vient souligner une fois de plus à quel point l’esprit, les comportements et la dimension cognitive sont un enjeu dans les rapports de force contemporains.

La France et l’Europe, quand bien même différents secteurs se trouvent dans une posture de qui-vive, ne sont pas préparées pour faire face à un tel état de nature, tant dans l’enseignement primaire que dans l’enseignement supérieur. En s’enfermant dans une paix idéologique et dans la déconstruction, l’Europe s’est livrée en pâture à un environnement hostile, alors qu’elle doit se doter des outils moraux et intellectuels lui permettant de s’adapter à un échiquier en pleine mutation.

Si l’on admet cet état des lieux, on devinera qu’il faudra plus que l’introduction de compétences psychosociales, de pensée critique et de sensibilisation aux modes d’influence pour remonter la pente. De telles contributions sont pertinentes dans l’optique de prévenir certaines emprises secondaires et bâtir de jeunes citoyens plus éveillés et autonomes. Pour autant, on a vu que la dépendance principale sur lequel pivote le système est paradigmatique. L’enjeu est bien de l’ordre du démantèlement d’une grille de lecture et d’un réarmement cognitif susceptible de faire de la France une démocratie forte et pro-active dans la bascule du monde qui s’opère.

Notes

1On notera au passage que la signification littéral du groupe insurrectionnel et terroriste Boko Haram est  « l’éducation occidentale est un péché ».

2Harbulot, C. (2018). L’art de la guerre économique. VA éditions.

3Chauvancy, R. (2021). L’ingénierie cognitive. Arme de guerre. p.11-22, n°2/2021, volume 13, Revue internationale d’intelligence économique.

4Chauvancy, R. (2023). Les nouveaux visages de la guerre. VA éditions.

5L’apocalypse cognitive. Gérald Bronner (2021), PUF.

6Depuis l’année 2000, la France est passée respectivement des 15e et 11e rangs aux 23e et 25e en lecture et en mathématiques dans le classement PISA. Cité par Alain Baverez dans La grande déconstruction de l’éducation, Le Figaro, avril 2023.

7Le Drian, J.F. (2021). L’affaissement cognitif francais : conséquence de la doxa constructiviste militante ? Disponible sur https://epoch-e.fr/2021/11/13/laffaissement-cognitif-francais-consequence-dun-dogmatisme-constructiviste-militant-biaise/

8Matthews, M.R. (2013). Constructivism in Science and Mathematics Education. National Society for the Study of Education, 99th Yearbook, Chicago, University of Chicago Press, pp. 161-192.

9Clermont Gauthier, Anthony Cerqua. Pourquoi le constructivisme est-il devenu « le » discours dominant en éducation? Université de Laval.

10L’ouvrage de Guillaume Bazot, L’épouvantail néolibéral. Un mal très français (PUF, 2022), dresse d’ailleurs le portrait de cette perception biaisée.