Par Christian Harbulot
Réponse : oui.
Il existe une forme d’autocensure dans les médias dès lors que sont abordés les rapports de force intra-européens (cf. l’interview ci-dessous publié dans la revue Conflits). L’argument des journalistes qui s’autocensurent est simple : mieux vaut taire les sujets qui fâchent car en parler fait courir le risque d’affaiblir l’image de l’Europe. Cet argument est de très courte vue.
Pour renforcer l’Europe, il est absolument nécessaire de cadrer les déviances de certains Etats membres. C’est le cas à propos des manoeuvres de l’Allemagne pour affaiblir la France sur la question du nucléaire. Nous sommes sur le terrain de la guerre cognitive, c’est-dire de la production de connaissances diffusées de manière indirecte destinées à affaiblir la position de l’adversaire.
L’action indirecte des fondations allemandes, notamment celles liées aux écologistes et à l’extrême gauche, entre dans ce cas de figure. Cet activisme cognitif nous pose un problème car il s’inscrit dans une démarche qui couvre un champ plus large que la protestation citoyenne. Pour rester sur le cas de la France : soit elles financent des milieux écologistes antinucléaires en France (Fondation Heinrich Böll des Verts allemands), soit elles tentent de déstabiliser la France en Afrique à propos de la prospection minière liée à l’uranium (fondation Rosa Luxembourg de Der Linke).
Le PDF ci-dessous souligne la politique d’influence initiée par les autorités allemands par le biais de ce type de support. A titre de comparaison, aucune fondation française ne déploie une telle activité informationnelle pour attaquer indirectement des intérêts industriels allemands. Précisons à ce propos que les fondations françaises sont plutôt rares et interviennent sur un terrain majoritairement philanthropique, sans aide significative de l’Etat. Les fondations allemandes défendent aussi des intérêts politiques, économiques et sociétaux et reçoivent annuellement une somme importante de l’Etat (la somme globale versée par l’Etat fédéral pour les fondations politiques s’élevait à 581,4 millions d’euros en 2017).
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