par Nicolas Moinet
Dans cet écrit, publié sur le site Géopoweb, du Lycée du Parc, N. Moinet propose une approche systémique. Où l’on comprend que ce n’est pas forcément « le meilleur » qui gagne la compétition économique (Mme Thatcher, « the winner takes all »), à moins de considérer que le meilleur est stratégique. Au delà de modèles parfois éculés, la question de la collecte de l’information, de sa production, de sa direction etc … est au coeur de la liberté stratégique. Où l’on apprend aussi que gagner, est d’abord un défi collectif (privé/public/sociétal) dans une société de réseaux. Plus que l’information, c’est l’intelligence de sa lecture qui compte, car elle fournit de nouvelles capacités : agilité, influence etc…. L’ économie réelle n’est donc pas celle d’un simple modèle concurrentiel (CPP), recherchant la meilleure allocation des ressources. L’information stratégique réintègre dans nos pratiques, les logiques de puissance, de pouvoir et donc d’influence, tant ignorées par le modèle standard.
LE DEFI DE L’INTELLIGENCE ECONOMIQUE
L’intelligence économique est une démarche collective qui vise l’agilité par un usage stratégique de l’information. Concrètement, ces usages se regroupent sous les vocables de veille, de sécurité économique et d’influence (1) : surveiller les mouvements stratégiques de ses concurrents, repérer les disruptions technologiques, cartographier les réseaux d’experts, protéger ses données et prévenir les cyberattaques, influencer les décisions et les normes pour prendre un avantage concurrentiel (2) . Avec une difficulté majeure : mettre en musique toutes ces actions au sein d’une organisation ou d’un réseau, le plus souvent dans une véritable synergie public-privé. Tel est bien le défi de l’intelligence économique. Née officiellement en France en 1994, l’intelligence économique est donc à la fois une posture et une culture (appuyées par des méthodes et des outils) qui aura mis une vingtaine d’années à se développer au sein des entreprises mais également des territoires et des services de l’État… sans oublier des acteurs longtemps considérés comme périphériques que sont les ONG, les associations ou les simples citoyens qui, dans un monde hyper connecté, voient leurs capacités d’action démultipliées (Les récentes actions de Greenpeace ou de L.214 en sont un exemple) (3) .
Une démarche collective qui vise l’agilité par un usage stratégique de l’information
L’intelligence économique est un défi collectif qui, lorsqu’il est ignoré, revient à se condamner à la paralysie stratégique et à sortir par la petite porte du jeu concurrentiel, un jeu dont on ne peut désormais plus ignorer qu’il relève bien de la guerre économique et non d’un doux commerce où le meilleur l’emporterait nécessairement par la seule qualité de ses produits ou services. Ainsi en ira-t-il de cette entreprise américaine bloquée sur le marché japonais par un déluge de brevets qu’un grand groupe nippon utilisera pour la dissuader de poursuivre son expansion…
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