La démarche de conquête commerciale de la Ligue Hanséatique

L’EPGE poursuit son exploration de cas d’école historiques. Ce compte rendu a été réalisé par Hedi Sebahi (SIE27 de l’EGE).

“Hanse” vient de l’ancien allemand hanse, qui réfère à une “association de marchands”. Le terme renvoie aussi à hansa qui renvoie à une “troupe de soldats” à l’époque médiévale[i]. Au commencement de la ligue Hanséatique, une impressionnante augmentation de la population (qui a triplé en l’an 1000) a été favorisée par les avancées technologiques en agriculture, l’essor de la culture des légumineuses, et un climat plus clément. Cela a engendré de nouveaux besoins en matières premières, en produits alimentaires, en articles de luxe, et en armement pour les croisades. De 1000 à 1300, la population germanique est passée de 4 à 11,6 millions d’habitants. De plus, l’histoire des routes de l’ambre et l’ère Viking ont montré que le commerce à longue distance du nord au sud et de l’Orient à l’Occident était réalisable et lucratif, servant ainsi de modèle.[ii]

Le commerce nordique a pris naissance grâce à une combinaison unique de facteurs, à savoir le nombre, la complémentarité et la spécificité des ressources et des produits de la région. Ce commerce a prospéré en traversant la mer Baltique dans toutes ses dimensions, résultant en une convergence de plusieurs éléments préparatoires. D’une part, les Vikings, avec leur expertise en navigation, ont joué un rôle essentiel dans l’ouverture de ces routes commerciales. La conversion au christianisme a rapproché les différentes régions côtières, créant des liens culturels et commerciaux plus forts. Au fil du temps, des échanges spécifiques ont émergé. Les pays scandinaves, riches en forêts, mines et poissons, ont exporté des fourrures et des produits de la mer. L’Allemagne a fourni du blé, du sel, de l’argent des mines du Harz, et de l’ambre côtier récolté de Rostock à Königsberg. Les textiles de France et des Flandres ont transité par la Rhénanie, la Westphalie et la Saxe avant d’atteindre les marchés de la Baltique. Une importante route commerciale reliait Kampen à Magdebourg, passant par des villes comme Dortmund, Göttingen, Goslar et Halle.

Les échanges entre l’ouest et l’est ont eu lieu principalement via l’isthme de Holstein, bien que parfois, les détroits danois tels que le Skagerrak et le Kattegat aient été empruntés. D’autre part, les Russes ont contribué au commerce en apportant de la cire, des fourrures luxueuses et des produits orientaux, échangeant ces trésors dans tous les ports baltiques contre des marchandises européennes. Progressivement, des réseaux commerciaux denses ont relié les lieux de production aux marchés. Les marchands, de diverses origines, ont entrepris des voyages de plus en plus audacieux. Ainsi eurent lieu l’émergence de nouvelles villes et ports. Par ailleurs, les caravanes de marchands juifs, syriens, flamands et frisons qui sillonnaient le nord de l’Europe ont fini par rencontrer des douanes établies par les villes baltiques. Le cabotage sur la Baltique a rivalisé avec le transport terrestre, renforcé par des efforts multinationaux pour combattre les pirates opérant depuis l’île de Rügen et la Finlande.

Dès lors, le XIe siècle a été une période charnière marquée par une christianisation qui a rapproché les peuples. Les souverains croyant en un droit divin ont uni les peuples sous leur suzeraineté. Les peuples scandinaves, bien qu’ils ne fussent pas unis, ont coopéré davantage, leurs différences étant principalement liées à des disparités dans l’influence de l’Église chrétienne, mais n’entamant pas leur intégrité nationale. Cela a favorisé une prospérité économique notable au cours de ce siècle, et la géographie favorable de la région nordique, caractérisée par la mer Baltique et des côtes plates s’ouvrant aux mers et aux continents voisins, a grandement facilité ces échanges. La Hanse a su tirer parti de ces circonstances enrichissantes pour prospérer.[iii]

La formation exclusive de l’alliance hanséatique

La Hanse fut établie et s’est perpétuée pour assurer la protection de ses marchands à l’étranger et favoriser l’expansion de son commerce. Cependant, cela ne l’a pas empêchée de prendre la place d’un pouvoir impérial affaibli et de s’élever au rang de puissance politique majeure dans le nord de l’Europe, capable de remporter des conflits armés contre des nations voisines pour des motifs économiques. La Ligue préférait éviter la guerre quand cela était possible, s’appuyant sur sa puissance financière comme principal outil de force. Toutefois, au milieu du XIVe siècle, confrontée à une concurrence indomptable, la Hanse adopta une posture plus intransigeante. Elle interdit à ses membres de commercer avec des non-membres et exigea que seuls des Hanséates dirigent certains de ses comptoirs[iv]. De plus, l’administration hanséatique décida de restreindre le nombre de ses membres et durcit les conditions d’adhésion : seulement les citoyens nés dans une ville hanséatique pouvaient prétendre à l’adhésion, et les employés étrangers devaient justifier d’au moins sept années de service chez un Hanséate pour être considéré, à condition aussi de posséder une résidence dans une ville de la Ligue[v]. Des nationalités spécifiques telles que les Anglais, Hollandais, Zélandais, Flamands, Brabançons et citoyens de Nuremberg étaient non seulement interdites d’entrée, mais souvent activement repoussées[vi].

La Hanse était fortement impliquée dans les principales routes commerciales qui liaient Lübeck à Londres par la mer du Nord et Lübeck à Novgorod par la mer Baltique, avec des escales portuaires clés telles que Bruges, Brême, Hambourg, Rostock, Dantzig, Riga et Reval (Tallinn)[vii]. Lübeck servait de centre névralgique pour les échanges couvrant la Baltique et la mer du Nord, où le commerce et l’entretien des navires s’effectuaient de concert. Les marchands ont rapidement saisi l’avantage que leur unité conférait à l’efficacité de la distribution de leurs marchandises, à la sécurité des transactions et des voies de communication, ainsi qu’à la défense de leurs intérêts et droits.

Le cadre normatif de la Hanse

La ligue Hanséatique n’exerçait pas de souveraineté propre, ayant accepté la tutelle de l’Empire germanique, et ses membres étaient sous l’autorité de diverses seigneuries laïques et ecclésiastiques. Néanmoins, elle gérait ses affaires avec une autonomie considérable. Cette organisation, bien qu’essentielle, manquait de structure formelle, sans personnalité juridique officielle, sans finances propres, ni armée, ni marine permanentes. Elle ne possédait ni sceau distinctif, ni fonctionnaires attitrés, ni institutions dédiées[viii]. Sa principale entité, l’Hansetag ou Diète hanséatique, ne fut mise en place que deux siècles après la fondation de la Hanse, se réunissant de manière sporadique et peu fréquemment. La pérennité de la Hanse, malgré la fragilité de ses structures et la diversité des intérêts de ses adhérents, s’explique par la convergence de leurs intérêts commerciaux.

L’organisation de la Hanse était marquée par une certaine ambiguïté. Elle n’a jamais adopté de constitution formelle ni désigné de dirigeant officiel, bien que Lübeck ait joué un rôle de surveillance sur son évolution. Initialement, l’Hansetag était conçu pour être l’organe directeur de la communauté, décidant de toutes les affaires importantes, comme l’a souligné l’historien Philippe Dollinger[ix]. Ce rôle comprenait la ratification de traités, la négociation avec des entités étrangères, les décisions de paix ou de guerre, ainsi que les arbitrages internes. Cependant, les réunions de l’Hansetag n’étaient pas régulières, contrastant avec les assemblées régionales plus fréquentes. Lübeck jouait un rôle prédominant dans la prise de décision entre les sessions de l’Hansetag, une primauté qui fut établie au XIIIe siècle et réglementée au XVe siècle.

Parmi les personnalités présentes à l’Hansetag figurait le grand maître de l’Ordre Teutonique, qui contrôlait de grands ports et dont les marchands bénéficiaient des privilèges hanséatiques[x]. Ce grand maître avait le pouvoir de retirer ces privilèges, conférant ainsi à la Hanse une stature qu’une simple association de commerçants n’aurait pas pu atteindre. À l’extérieur, l’Hansetag semblait prestigieux, indépendant et démocratique, ayant réussi à maintenir une cohésion entre ses membres. La Hanse a connu son apogée en un ou deux siècles, enrichissant ses villes membres grâce au commerce. Cependant, ses revers ont souvent été le résultat de ses propres structures démocratiques, comme l’absentéisme lors des assemblées de l’Hansetag et le manque de structures formelles[xi]. Selon l’historien Ernest Weibel, la Hanse était une « puissance sans personnalité juridique », mais qui disposait néanmoins d’armes économiques efficaces, comme le blocus commercial et la réaffectation de ses agents, pour assurer l’indépendance de ses villes membres face aux ambitions des princes. De fait, la Hanse s’appuyait sur les marchés des villes marchandes associées sans en contrôler directement la gestion.

Primauté de la finance et de la diplomatie

En 1280, la Hanse a institué un blocus économique majeur contre Bruges, afin de contraindre les autorités de la ville à octroyer à ses membres des privilèges commerciaux, notamment des exemptions fiscales[xii]. Cette action a été suivie, quatre ans plus tard, par l’imposition d’un blocus maritime à la Norvège, ce qui a forcé le roi norvégien à étendre les privilèges des Hanséates.

Les premières dissensions entre les marchands de Cologne et les Hanséates ont temporairement entravé le progrès commercial, en particulier l’intégration entre les routes commerciales traditionnelles du Rhin et celles nouvelles venant de l’Est. Toutefois, en 1281, les marchands de Westphalie ont joué un rôle clé dans la réconciliation des Colonais avec les marchands de la Baltique. Phillipe Meyer écrit : “Ils ont fusionné et se sont associés à Londres au sein d’une Hanse unique, la Hanse d’Allemagne. Tous les Allemands, quelle que soit leur origine, devaient payer 40 shillings par an pour profiter du Guildhall et participer à la surveillance et à l’entretien de l’une des portes sécurisant la ville, la Bishopsgate”[xiii]. En addition à cela, la Hanse négociait activement avec les souverains et les villes afin de réduire les taxes pour ses membres. Ainsi préférant des augmentations fiscales progressives à des hausses soudaines, les Hanséates se déplaçaient avec leurs propres balances, chargeaient et déchargeaient leurs navires la nuit et renforçaient la sécurité autour de leurs bateaux.

À l’étranger, ils faisaient bloc, mais au sein de leur propre communauté, la compétition était féroce. En 1418, Hambourg a protesté contre Lübeck à propos de la franchise de tonlieu, illustrant les contentieux fréquents entre les villes hanséatiques[xiv]. En termes de politique commerciale, Ali Laïdi écrit : “avoir des privilèges n’est pas suffisant pour la Hanse. Encore doit-elle s’assurer que ses concurrents n’en possèdent pas.”[xv] Les accords restreignaient les activités commerciales des non-Hanséates en Allemagne et établissaient le « droit des hôtes », qui favorisait le commerce hanséatique tout en permettant certaines interactions avec les étrangers, tant que les Hanséates en profitaient. Des traités spécifiques forçaient les marchands à emprunter certaines routes, comme passer par Bruges, afin de limiter la concurrence, en particulier celle des Hollandais.

La Hanse a profité de l’absence d’une concurrence et d’une hostilité semblables à celles présentes en Méditerranée pour étendre son influence au-delà de la Baltique, jusqu’en mer du Nord, dans les eaux océaniques françaises, et même en Méditerranée, où Venise a accordé des droits aux commerçants de l’Allemagne du Sud[xvi]. L’union des ligues de Wendes, de Saxe et de Westphalie, ainsi que l’adhésion de villes prussiennes, ont conduit à la formation d’une Hanse unifiée des villes, sous surveillance étroite de l’Ordre Teutonique. Cette union a été formalisée par la Diète de Lübeck en 1366, qui déclarait que seuls les bourgeois des villes hanséatiques pouvaient prétendre au statut de « marchand associé ». Le nombre de villes hanséatiques était sujet à débat, mais le pape Urbain VI a reconnu 77 villes dans cette association, avec Lübeck comme tête.

Les moyens employés par la Hanse face aux adversités internationales

Au début du XIIIe siècle, le Danemark a étendu son emprise sur le Holstein, le Mecklembourg et la Poméranie, ce qui a provoqué une première réaction armée de la part de la Hanse, réaction qui s’est soldée par une victoire hanséatique à Bornhöved en 1227. Ce fut la première d’une série de confrontations entre la Hanse et le Danemark, se produisant à peu près une fois par siècle.

Au XIVe siècle, la Hanse a de nouveau affronté le Danemark pour contester ses prétentions sur les villes de Lübeck et Rostock. La paix de Stralsund en 1370 a été un tournant, octroyant à la Hanse un droit de regard sur la désignation des rois du Danemark et une part importante des revenus des forteresses côtières[xvii]. Le XVe siècle a été marqué par un conflit encore plus sanglant lorsque la Hanse a combattu le Danemark pour s’opposer à sa mainmise sur le Sund. Cette guerre compliquée, qui a duré neuf ans, s’est terminée par la victoire hanséatique avec la paix de Wordingbord en 1435, assurant à la ligue la suprématie dans les détroits qu’elle convoitait[xviii]. Cependant, au XVIe siècle, la Hanse a connu des défaites maritimes : en 1534, Lübeck a malencontreusement interféré dans la succession dynastique danoise et a perdu une bataille dans le Grand Belt contre le Danemark, et en 1566, elle a subi une défaite contre la Suède devant Gotland. Parallèlement à ces conflits, la Hanse s’est heurtée commercialement à l’Angleterre entre 1470 et 1474, et à la Russie en 1494. Les Hollandais, bien qu’appartenant à l’Empire, ont constamment représenté un cauchemar commercial pour la Hanse depuis le début du XVe siècle, se positionnant comme des « concurrents acharnés”[xix].

Malgré ces défis, les dirigeants hanséatiques étaient avant tout des bourgeois pragmatiques, plus avides de profits que de guerres. Ils aspiraient à des vies urbaines prospères et à l’indépendance par rapport aux princes de l’époque. La Hanse s’est développée indépendamment au sein du Saint Empire romain germanique, tout en cultivant un art de vivre unique. Les architectes hanséatiques ont apporté une contribution remarquable au paysage urbain, en adoptant l’art gothique avec l’utilisation de briques pour créer des marchés rectangulaires, des hôtels de ville ornés et des cathédrales imposantes où la brique remplaçait la pierre. Les églises étaient remplies de trésors artistiques, acquis par les grands bourgeois, reflétant leur richesse et leur influence. Enfin, la Hanse a laissé un héritage culturel durable à travers la création d’universités. Les établissements d’enseignement supérieur comme ceux de Rostock et de Greifswald, fondés au XVe siècle, ont témoigné de l’influence scandinave au sein de la Hanse, illustrant ainsi son envergure et son impact au-delà des frontières germaniques[xx].

L’affaiblissement de la puissance hanséatique (1400-1550)

L’affaiblissement de la puissance hanséatique entre 1400 et 1550 s’est produit à travers une série de défis internes et externes. Les tensions internes ont été marquées par une réforme constitutionnelle à Lübeck en 1403, où les conseillers ont réclamé des élections plutôt que la cooptation pour le conseil. Cette crise a entraîné une intervention impériale et la mise au ban de la Hanse, avant d’être résolue en faveur des conservateurs en 1441[xxi].

Sur le front extérieur, la concurrence commerciale s’est intensifiée avec les Pays-Bas, qui, unis à la maison de Bourgogne, sont devenus des concurrents redoutables. L’Union de Kalmar a regroupé Danemark, Norvège et Suède en 1397, représentant une possible menace. La défaite de l’Ordre Teutonique à Tannenberg en 1410 a également perturbé le commerce hanséatique, en ouvrant la région à des acteurs sans tradition maritime[xxii]. En outre, Novgorod a été annexé par Ivan III en 1471, limitant l’accès hanséatique à la Russie[xxiii].

Dans les années 1475 à 1550, la situation s’est détériorée davantage. Les comptoirs hanséatiques ont décliné, notamment à Novgorod, où le tsar a fermé le hof allemand en 1494. Les marchands livoniens sont devenus les seuls intermédiaires avec la Russie[xxiv]. Par ailleurs, Rostock a perdu ses privilèges en Norvège, et la ville de Bergen a vu une augmentation de la concurrence interne. Bruges a été supplantée par Anvers à cause de l’ensablement du Zwin, et les marchands ont migré vers des villes en plein essor comme Anvers, Deventer et Utrecht, où la Hanse a finalement établi des comptoirs vers la fin du XVe siècle. La Diète de 1518 a évincé plus de 30 villes de la Hanse pour non-respect des engagements, reflétant une désunion croissante[xxv]. La concurrence est également venue du sud de l’Allemagne, où des banquiers et commerçants, notamment la famille Fugger, ont commencé à rivaliser avec la Hanse dans le commerce du cuivre. Les mesures de rétorsion de Lübeck se sont avérées inefficaces, entraînant une fragmentation du monde hanséatique.

En plus des difficultés économiques, la Réforme protestante a divisé les villes hanséatiques, avec certaines villes initialement hostiles au luthéranisme. La religion est devenue un élément clé dans les relations internationales, influençant les alliances et les accords commerciaux. Enfin, les ambitions hanséatiques ont été définitivement contrecarrées par les défaites militaires de Lübeck à la suite des aventures politiques de Jurgen Wullenvever, qui avait tenté de restaurer l’influence hanséatique dans le Sund. Après sa chute en 1535, les villes hanséatiques ont dû accepter la libre navigation hollandaise dans le Sund, marquant un affaiblissement significatif de la ligue[xxvi].

Disparition de la Hanse (1550-1648)

La disparition de la Hanse, qui s’étend de 1550 à 1648, a été principalement causée par l’ascension de nouvelles puissances dans la région Baltique, notamment la Suède et la Russie. Malgré une tentative de réorganisation dans la deuxième moitié du XVIe siècle, où 63 villes ont adopté de nouveaux statuts et conventions pour renforcer la structure de la Hanse, les efforts n’ont pas pu endiguer le déclin face à de nouveaux défis. Lübeck a conservé une position de leadership malgré son déclin relatif par rapport à Hambourg.

La révolte des Pays-Bas contre l’Espagne a offert à la Hanse une opportunité d’accroître son commerce avec la péninsule Ibérique, mais cette amélioration a été de courte durée. En effet, l’expansion russe sous Ivan IV le Terrible a eu un impact significatif, avec l’attaque soudaine de la Livonie en 1558 et la chute de Narva et Dorpat entre ses mains, à l’exception de Reval et Riga[xxvii]. La Pologne et le Danemark ont soutenu l’ordre Teutonique, mais cela a conduit à la fin de l’État teutonique et à la formation du duché de Courlande et de Sémigallie sous suzeraineté polonaise. Dans le même temps, Narva est devenue un port actif, éclipsant Reval et commerçant sans intermédiaires, ce qui a diminué les prix. D’autre part, la Suède a défié la Hanse en arraisonnant les bateaux lübeckois et a pris le contrôle de Narva pour empêcher Lübeck de commercer directement avec les Russes. Ainsi Lübeck a perdu son statut de puissance navale dans la Baltique face à la Suède. De surcroît, à l’ouest la Hanse a subi d’autres échecs : elle n’a pas réussi à renouveler son comptoir à Anvers, et en Angleterre, les privilèges de la Hanse ont été suspendus en 1553, laissant place à la concurrence anglaise[xxviii]. Finalement, la guerre de Trente Ans (1618-1648) a porté le coup final à la Hanse, avec la disparition de son commerce au profit des puissances protestantes du Nord. De plus, la Guerre de Trente Ans se termine sur le traité de Westphalie instituant un statocentrisme des relations internationales.

Nonobstant, le rôle historique de la Hanse dans le développement économique de l’Europe du Nord et la prospérité de ses villes reste fondamental. La Hanse a favorisé la prospérité de marchés importants comme Novgorod, Bergen et Bruges. Elle a également été exemplaire par son esprit d’entreprise, son indifférence aux préoccupations nationales, ses divergences religieuses et son pacifisme, préférant l’arbitrage et la négociation à la guerre. La sagesse de son approche, favorisant la paix (au sens d’éviter la confrontation militaire) afin d’agressivement s’engager dans le commerce, reste une leçon pertinente même à l’époque moderne.

Bibliographie

  • Cours d’Histoire de la Méditerranée Médiévale dispensés à l’Institut Catholique de Paris par GUIZARD Fabrice dans le cadre de ma Licence.
  • GRAS Pierre, Des villes hanséatiques au « rail du Nord” in : Le temps des ports, Paris, Tallandier, 2010.
  • LAÏDI Ali, Histoire mondiale de la guerre économique, Paris, Perrin, 2016.
  • MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Paris, Perrin, 2013.

Sitographie


[i] CNRTL, Hanse.

[ii] MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Perrin, 2013, p.3.

[iii] MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Perrin, 2013, pp. 4-5.

[iv] LAÏDI Ali, Histoire mondiale de la guerre économique, Perrin, 2016, p. 107.

[v] LAÏDI Ali, Histoire mondiale de la guerre économique, Perrin, 2016, p. 107.

[vi] LAÏDI Ali, Histoire mondiale de la guerre économique, Perrin, 2016, p. 107.

[vii] LAÏDI Ali, Histoire mondiale de la guerre économique, Perrin, 2016, p. 107.

[viii] FEDOU René, Hanse, Universalis, consulté le 3 novembre 2023.

[ix] DOLLINGER Phillipe, La Hanse (XIIe- XVIIe siècles), Paris, Aubier, 1964, p. 7.

[x] FEDOU René, Hanse, Universalis, consulté le 4 novembre 2023.

[xi] FEDOU René, Hanse, Universalis, consulté le 4 novembre 2023.

[xii] GRAS Pierre, Des villes hanséatiques au « rail du Nord” in : Le temps des ports, Tallandier, 2010, p. 2.

[xiii] MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Perrin, 2013, p. 10.

[xiv] LAÏDI Ali, Histoire mondiale de la guerre économique, Perrin, 2016, p. 109.

[xv] LAÏDI Ali, Histoire mondiale de la guerre économique, Perrin, 2016, p. 107.

[xvi] LAÏDI Ali, Histoire mondiale de la guerre économique, Perrin, 2016, p. 109.

[xvii] GRAS Pierre, Des villes hanséatiques au « rail du Nord” in : Le temps des ports, Tallandier, 2010, p. 2.

[xviii] MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Perrin, 2013, p.18.

[xix] MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Perrin, 2013, pp.18-19.

[xx] MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Perrin, 2013, p.19.

[xxi] MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Perrin, 2013, p.20.

[xxii] MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Perrin, 2013, p.20.

[xxiii] MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Perrin, 2013, p.20.

[xxiv] MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Perrin, 2013, p.21.

[xxv] MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Perrin, 2013, p.22.

[xxvi] MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Perrin, 2013, p.24.

[xxvii] MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Perrin, 2013, pp.25-26.

[xxviii] MEYER Phillipe, La Hanse in : Baltiques, Perrin, 2013, p.26.