Pour une politique de « résistance économique »

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par Christian Harbulot

La situation industrielle de la France est à ce point dégradée qu’elle implique une réaction de celles et ceux qui ont la détermination et le courage de se mobiliser pour servir le développement de ce pays.

Les points de repère

A partir de 1945 a France s’est reconstruite sous la dépendance sécuritaire et partiellement économique des Etats-Unis .

La politique menée par le général de Gaulle entre 1958 et 1965 fut la seule tentative de réduction de cette dépendance, aussi bien sur le plan énergétique (pétrole) que sur le plan militaire (sortie du commandement intégré de l’OTAN).

Georges Pompidou était conscient de la difficulté de l’enjeu en s’exprimant en ces termes lors du conseil des Ministre[1] du 27 février 1963 :

« Les capacités financière et techniques des grandes sociétés américaines sont telles, qu’il n’y a guère de sociétés françaises, voire européennes, dans l’aéronautique, l’électronique, l’informatique, l’automobile, qui soient en mesure de résister à leur puissance, par absorption ou par achat, si les gouvernements ne se mettent pas en travers. Des entreprises familiales, incapables de soutenir le rythme, ne suivent pas l’avance technique et ferment les yeux devant le trou qui se creuse. »[2]

L’abandon de la politique industrielle

La mise en sommeil d’une politique industrielle capable de réduire notre niveau de dépendance, résulte d’un double rejet : celui de la droite libérale qui ne se reconnaissait pas dans cette tentative d’affirmation de la puissance de la France par rapport aux Etats-Unis et celui de la gauche intellectuelle qui rejetait toute solution qui ne soit pas de nature idéologique.

C’est dans cet étau du renoncement que la politique industrielle de la France a été progressivement assimilé à une vision obsolète. Depuis le milieu des années 70, la grande majorité des dirigeants aux commandes des leviers de notre pays, a polarisé son attention et son intelligence sur la gestion des affaires courantes.

Pour une « résistance économique »

En 2020, le court-termisme domine dans la plupart des secteurs d’activité. Le jeu de défausse auquel se livrent les Présidents de la République depuis la mort du fondateur de la Ve République, s’est traduit par un appauvrissement graduel de notre capacité de penser notre avenir à moyen et long terme. Autre constante de plus en plus pénalisante, l’Etat français distribue l’argent mais très rarement l’investit.

Il est grand temps de stopper ce processus. La France va devoir se battre sur plusieurs fronts en redéfinissant son périmètre de souveraineté.

Pour marteler ce changement de cap, il est urgent de réunir les forces qui comprennent l’importance du renouveau industriel de la France ainsi que la manière de repenser la capacité de résilience de nos territoires, prioritairement à partir des ressources locales.

Les forces vives de la Nation ne sont pas engagées dans ce combat. Cela se saurait.

Face à l’inertie ou au refus de réagir, nous devons apprendre à alimenter le débat sur la nécessité d’adopter une posture de résistance économique.
A l’image de ces syndicalistes de la CFE-CGC et SUD, qui, samedi dernier à Belfort, comme le souligne le journal Le Monde, se sont considérés comme « légitimes à devenir des acteurs économiques majeurs » et qui sont prêts à agir dans ce sens.



[1] Alain Peyrefitte, C’était de Gaulle, Paris, Livre de Poche, Tome II, pages 99 à 113, 2009.

[2] Christian Harbulot, Sabordage, comment la France détruit sa puissance, Paris, Editions François Bourin, collection thermos, 2014.