L’insoluble dissolution de l’Etat-nation belge

Images vectorielles gratuites de La belgique
Aubry Springuel est un professionnel en intelligence économique. Depuis 15 ans, il exerce ses compétences dans le secteur de l’énergie.Il donne également des cours sur des matières liées à son doctorat en sciences de gestion obtenu à Aix-Marseille, à la suite de sa formation à l’Ecole de Guerre Economique.Ses domaines de réflexions sont l’influence entre organisations, l’identité organisationnelle et l’évolution des Etats-nations.

La Belgique, ce pays de 200 ans, reste-t-il un Etat souverain unitaire ? Ou est-ce un laboratoire à ciel ouvert de la décomposition du système d’Etats-nations européen ?

Ce pays, aux frontières de l’Allemagne, de la France et des Pays-Bas, est constitué de trois régions fédérales de deux, voire trois, langues différentes : le néerlandais, le français et, à la marge, l’allemand. Son mode de gouvernement intègre trois niveaux de décisions : fédéral, régional et linguistique. Les collèges électoraux régionaux ont des cultures dominantes telles qu’ils constituent des majorités distinctes : de droite conservatrice au Nord néerlandophone et de gauche progressiste au Sud francophone.

La Belgique existe, et diverge. Un artiste belge comme René Magritte ne renierait pas cette affirmation surréaliste. Ce pays est au cœur de l’Union européenne et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord. La Belgique accueille leurs sièges sur son territoire, ainsi que d’importantes infrastructures énergétiques, logistiques et financières, comme un nœud d’échanges au cœur du continent européen. Cet Etat-nation est au cœur du continent et à la genèse des instances occidentales supranationales, mais chacune des parties de cet Etat fédéral se distend au point d’en bloquer le fonctionnement.

Ses onze millions de concitoyens sont impliqués dans les échanges transnationaux, et se démarquent en même temps par un attachement particulier à leur ancrage territorial. Leur ouverture aux échanges se reflète dans l’adoption de l’anglais comme langue véhiculaire des affaires, et par l’accueil de populations immigrées – l’équivalent de 20% de la population est immigrée, et 5% émigrée, depuis 1948 (StatBel, 1948-2021) – tandis que son ancrage territorial se matérialise par la faible mobilité géographique de ses familles et l’abandon progressif du bilinguisme franco-néerlandais.

L’existence de la monarchie, des structures institutionnelles et géo-économiques de la Belgique, compensent-elles les divergences linguistiques, socio-politiques, médiatiques et académiques de cet Etat-nation bicentenaire ?

Lire le PDF :