La « redécouverte » du protectionnisme chinois

La fin de l’ère maoïste a engendré dans le monde occidental une vision de la Chine qui s’est avérée par la suite contredite par le cours des évènements. Contrairement aux idées reçues, la Chine n’est pas un eldorado en termes de marché à conquérir. Après l’effondrement de l’URSS, des acteurs du monde de l’entreprise très centrés sur les analyses à court-terme ont estimé que le passage de la Chine à l’économie de marché était la première étape d’un changement profond du régime.

Ce jugement quelque peu hâtif favorisé par l’état du monde dans les années 90, a inspiré de nombreux écrits académiques ainsi que des rapports institutionnels. La nature du régime et sa problématique de puissance ont progressivement été gommée dans les deux décennies qui suivirent.

Il a fallu attendre l’expression de la tension croissante entre les Etats-Unis et la Chine sous la présidence de Donald Trump pour avoir un aperçu irréfutable des affrontements économiques entre les deux pays.

La Chine a deux objectifs stratégiques :

  1. En tant que régime communiste, ne pas finir comme l’URSS et poursuivre sa lutte contre le capitalisme.
  2. En tant que pays indépendant, développer une politique d’accroissement de puissance par l’économie pour avoir les moyens de renforcer son potentiel militaire et son influence sur la scène internationale.

Contrairement au Japon qui a pendant longtemps limité l’accès du capital étranger à son économie intérieure, la Chine a adopté la stratégie inverse. Les contextes étaient très différents. Depuis l’ère Meiji, le Japon voulait éviter une colonisation économique. La Chine devait donner des gages de sa bonne foi dans sa politique d’ouverture à l’économie de marché. La création de zones économiques spéciales dans un premier temps, puis l’autorisation de créer des joint ventures dans d’autres régions contribuèrent à rassurer les investisseurs étrangers.

Cette politique d’ouverture sur le monde extérieur permit à la Chine d’opérer les transferts de technologie nécessaire à la naissance d’une économie moderne et compétitive dans un délai relativement bref. Les investisseurs étrangers mirent un temps à comprendre que le parti communiste chinois restait aux commandes de l’économie chinoise afin de poursuivre ses deux objectifs stratégiques.

La Chine est devenue une puissance conquérante sur le plan économique. Les Etats-Unis ont des difficultés à la contrer dans ce domaine. Si l’expansionnisme commercial japonais a pu être contré au début des années 90 par différents biais et sous l’impulsion des Etats-Unis, Washington a beaucoup plus de mal à mettre à venir à bout de la spécificité du modèle chinois.

L’étude du protectionnisme chinois permet de cerner une des dimensions de l’économie de combat élaborée par les promoteurs communistes du renouveau de la puissance chinoise.

L’EPGE travaille sur l’élaboration d’une grille de lecture adaptée à la compréhension des affrontements économiques entre la Chine et la première puissance du monde occidental.

Le rapport sur le protectionnisme chinois a été rédigé par Vincent Berthoumieux, Elies GUILLEMIN, Alexis HANS, Franck KIE, Nicole LUGO, Kévin NOYERIE, et Bonaventure OUEDRAOGO (étudiants de la SIE 22 de l’Ecole de Guerre Economique). Ce travail est une première étape dans l’approche de la Chine qui est encore trop souvent traitée par les sinologues sous un angle trop conventionnel.


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