La bataille de « l’attention » vue sous l’angle de l’Intelligence économique

par Christian Harbulot

Directeur de l’Ecole de Guerre Economique et Directeur associé du cabinet Spin Partners

Le club DecidRH a d’organiser une série de séances de réflexion sur la « bataille de l’attention ». Christophe Leparq , fondateur du club, et Thibault Renard, animateur du groupe de réflexion IE§RH, définissent ainsi le sens de leur démarche :
« Comment accaparer l’attention aujourd’hui ? Quels sont les enjeux de cette bataille de l’attention pour les organisations ? Comment maîtriser les technologies liées à la « captologie » et s’approprier les règles de cette nouvelle économie ? Une saison pour tout comprendre et rencontrer les acteurs majeurs (RH, communicants, professionnels de l’Intelligence économique, chercheurs, philosophes, esprits critiques…) de cette reconquête ! « 

J’ai donc répondu positivement à leur invitation pour aborder cette question sous l’angle de l’intelligence économique puisque l’EGE mène depuis 24 ans de nombreux travaux sur le sujet.

Voici le fil conducteur de mon intervention :

1ère idée : l’évolution des enjeux prioritaires de l’attention

XIXè-XXè : le marché et le contrôle

Les chef d’entreprise accordaient une attention prioritaire à :

  • Se faire payer (recouvrement de créances)
  • Assurer la continuité du fonctionnement d’être l’entreprise (cf. menace de la grève générale)

L’attention du « chef » se focalise sur les menaces les plus perceptibles au quotidien. Il évolue dans le court terme alors que se développent des systèmes concurrents de plus en plus axés sur le long terme. Il en découle un décalage culturel qui peut être très préjudiciable à nos intérêts économiques globaux.

Ces décalages jouent sur la manière de décrypter les enjeux.

2è idée : L’organisation du commandement

L’information c’est le pouvoir.

Le problème de la perception du chef (le culte du l’audimat)

La composition des comités exécutifs (pas de management de l’information reconnu comme tel)

La formulation tardive de la direction de la stratégie et de la direction de la sureté et leur place réelle ans le processus de décision….

3è idée : une approche franco-française de la société de l’information

Une approche très personnalisée des rapports de force (cas d’école de l’affrontement entre Alain Gomez dirigeant de Thomson et Jean-Luc Lagardère dirigeant de Matra).

Difficulté à rentrer dans l’univers Internet (gap générationnel mais aussi relation au numérique. Les chefs d’entreprise continuent de privilégier la compétitivité aux dépens de questions aussi vitales que la dépendance en termes de ressources et d’approvisionnement de produits de première nécessité.

4è idée : une vision autocentrée sur le court terme et le consumérisme

La difficulté du monde de l’entreprise à intégrer la dimension « guerre économique mondiale » (comme par exemple la rivalité de puissance entre les Etats-Unis et la Chine) et la remise en cause d’une certaine forme de globalisation.

La prise de conscience des décideurs sur les encerclements cognitifs (normes, «éthique » des affaires, intervention « moralisatrice » de la société civile).