Corridors d’influence à travers le cas Shabab et Daech au Cabo Delgado

par Jérôme Vellayoudom, délégué à l’Intelligence Economique et à l’attractivité du territoire. Mairie de Saint-Denis de La Réunion. Doctorant en intelligence économique à l’IAE de Poitiers.

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Le 24 mars dernier, un groupe de 160 hommes armés engagent des combats dans la ville portuaire de Palma, à l’extrême nord du Mozambique, dans la province du Cabo Delgado.

Les assaillants identifiés sous le nom d’Al-Shabab, « Les jeunes » en arabe, appartiennent à un groupe qui a prêté allégeance à Daech en 2019. Durant trois jours les combats vont opposer les forces armées mozambicaines à ce groupe armé. Les forces nationales sont appuyées par des contractors notamment sud-africains. Le 27 avril, la ville de Palma tombe aux mains des terroristes. Les témoignages racontent la violence des combats et l’horreur d’exécution de civils par décapitation et démembrement.

Ce n’est pas la première opération armée victorieuse du groupe Al-Shabab dans cette province du Mozambique, avec le recours à la même violence et aux mêmes méthodes. Toutefois, pour la première fois, Daech en revendique l’initiative. La presse internationale se fait l’écho de cette opération, la communauté internationale s’en empare.

Une des raisons de ce regain d’attention occidental est la proximité de Palma avec le projet gazier off-shore du groupe français Total, dans le bassin de la Rovuma. Ce projet est le plus important investissement dans ce domaine en Afrique, pour un montant de 20 milliards de dollars, dans la province la plus pauvre du Mozambique.

Ces évènements et les faits qui s’y rapportent peuvent donner lieu à différentes lectures et interprétations. Notre approche concernera les dynamiques cognitives à l’œuvre. Nous tenterons par cette lecture des faits cognitifs de répondre à la question de savoir quel est le vrai danger des Shabab et de l’alliance avec Daech au Cabo Delgado.

Dans un premier temps, après un exposé du contexte mozambicain, nous rappellerons le processus d’évolution des Shabab jusqu’à la prise de Palma, lequel est signifiant.

Dans un deuxième temps, nous mettrons en lumière une diversité de dynamiques cognitives et de stratagèmes qui nourrissent toutes un soft-power et le mythe de Daech, dont nous démontrerons l’existence et exposerons les catégories qui les structurent ainsi que leurs enjeux.

Dans un troisième temps, nous nous attacherons aux scénarii d’extension d’influence à partir du Cabo Delgado vers Mayotte d’une part et Madagascar d’autre part. Dans ce cadre, nous formulerons la proposition originale du concept de corridor d’influence pour lequel nous tenterons une première définition.

Enfin, nous nous attacherons à montrer le rôle essentiel que peut avoir à jouer l’intelligence territoriale, notamment dans une perspective cognitive en rapport avec la société civile, acteur clef ignoré de la situation au Cabo Delgado.

Un retour préalable sur des éléments signifiants de contexte ouvre cette lecture.

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