Emergence d’une pensée innovante sur la guerre économique

par Christian Harbulot

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Dans son dernier ouvrage, Ali Laïdi sort des sentiers battus pour traiter de la problématique de la guerre économique. Et quel coup au but ! C’est un nouveau type d’intellectuel qui s’affirme dans cet ouvrage. Pas une caricature de la pseudo pensée post-moderne. On se plaint souvent en France de la disparition de cette catégorie des intellectuels. L’ouvrage d’Ali Laïdi nous prouve que rien n’est perdu dans ce domaine. Bien au contraire. Son écriture est à la hauteur de la grille de lecture originale qu’il utilise pour intégrer les apports théoriques et pratiques de ces vingt dernières années, afin d’extraire le lecteur de manière salutaire du cimetière de la pensée académique.

Son réquisitoire est implacable. Les cultures nationales du vieux continent font fausse route. Leur omission chronique sur l’importance des affrontements économiques dans la compréhension du libéralisme et du néolibéralisme, a des conséquences catastrophiques pour la France et pour l’Union Européenne. Il ne faut pas s’arrêter à la souveraineté perdue si l’on veut comprendre que le salut n’est pas dans la dépendance non avouée et peu assumée mais dans la construction de systèmes capables de rivaliser avec les systèmes américain et asiatique.

La liberté individuelle de tout faire pour gagner, y compris en ne respectant pas les lois, conduit aujourd’hui à une impasse théorique et pratique. Elle ne prend pas en compte la double dimension du monde matériel et du monde immatériel. Ainsi que le changement des méthodes de conquête qu’implique une telle mutation.

La guerre économique du monde matériel était axée sur la prise de possession des ressources territoriales d’autrui et le contrôle des voies commerciales. Le conquérant imposait sa loi aux pays soumis et ne s’en cachait pas.

La guerre économique du monde immatériel est axée sur la manière de rendre l’autre dépendant de ses technologies, tout en affichant une image pacifique de progrès et de solution humaniste pour le devenir de la planète. Le conquérant fait tout pour gommer son intention de prendre en faisant croire qu’il est là pour donner de solutions à la multitude.

La guerre économique du monde matériel était fragmentaire et discontinue. La guerre économique du monde immatérielle est systémique et durable. La première privilégie l’usage de la force. La seconde se joue sur le terrain de la connaissance.

La démarche suivie par Ali Laïdi conforte le bienfondé des pistes de recherches sur lesquelles nous travaillons ensemble au sein de l’Ecole de Pensée de la Guerre Economique. En voici deux exemples :

  • La dichotomie profonde entre finalité du marché et finalité du territoire. Et les différences d’affrontement qui en découlent. Michel Foucault n’a pas saisi ce point majeur que Braudel avait compris sans aller plus loin car il détestait s’appesantir sur le rôle des rapports de force dans l’activité humaine.
  • La dialectique subversive du faible dans la guerre économique. Le faible a créé une culture du combat informationnel qui n’a rien à envier aux armes du fort. Elle transgresse nos habitudes et nous prend souvent à revers.
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