Publié samedi 31 mai 2025 par Sandra Déraillot, L’inFO militante

Il n’est pas courant qu’un syndicat s’empare du sujet de la guerre économique. C’est ce que vient de faire le syndicat Force Ouvrière. Mais il ne s’agit pas vraiment d’une surprise. J’avais été amené à rencontrer des membres de la direction de ce syndicat en 2006, après une audition devant les membres du Conseil économique et social. (https://www.ege.fr/actualites/audition-de-christian-harbulot-au-conseil-economique-et-social-le-18-janvier-2006.html).
La guerre économique ? Un documentaire coproduit par la chaîne franco-allemande Arte démonte les rouages de ces guerres longtemps invisibles et désormais à la une de l’actualité.
Observation, information, analyse, défense, influence, désinformation… Pour Christian Harbulot, directeur de L’École de guerre économique, telles sont les armes des conflits invisibles qui opposent peuples et nations depuis l’Antiquité.
Dans quel objectif ? La domination et la suprématie dans les relations commerciales, dont la mondialisation est censée garantir la paix sur la planète. Tel est le sujet du documentaire Une histoire de la guerre économique, actuellement diffusé sur Arte.
Le récit s’ouvre sur les guerres de l’opium. Au cours du XIXe siècle, c’est en effet en exportant – clandestinement – l’opium indien en Chine que l’Empire britannique parvient à s’ouvrir l’accès à cet immense territoire dont il ne veut plus se contenter d’acheter les produits. La crainte d’une balance commerciale déficitaire motive déjà les opérations d’espionnage, le vol de technologies agricoles (voire de plants), et même le conflit armé.
Entre copie, vols de technologie et accords commerciaux
L’inFO militante
L’article que vous êtes en train de lire est tiré de la revue « L’inFO militante », le bimensuel de la confédération Générale du Travail Force Ouvrière.
Le film regorge d’exemples, heureux ou malheureux, commentés par des experts : l’historien Cornelius Torp, le politologue Ali Laidi, l’ancien économiste à la CNUCED Heiner Flassbek, ou encore la journaliste économique Ulrike Herrman. Il explique par exemple comment la Corée du Sud a pu développer son secteur automobile et technologique grâce au protectionnisme, comment la copie a permis à de nombreux pays de développer leur économie, à commencer par l’Allemagne du XIXe siècle, comment les États-Unis ont tenté de contrer l’arrivée en nombre des véhicules japonais, n’aboutissant qu’à faire augmenter les prix de leurs propres véhicules…
Car, en effet, comme la guerre tout court, les batailles économiques finissent rarement bien pour le citoyen et le consommateur final. Le plus désavantagé étant celui qui demeure dans un pays en développement, pays dont Ulrike Herrman n’hésite pas à conclure qu’il leur est désormais « impossible de monter dans le train du capitalisme ». Ou alors en bien mauvaise position. Et de citer l’exemple d’Haïti, dont la culture du riz locale a été anéantie par les imports massifs de riz américain.
Ce documentaire a été produit en 2019, pourtant son sujet n’a jamais été autant d’actualité.
SANDRA DÉRAILLOTJournaliste à L’inFO militante
L’INFO MILITANTELe bimensuel de la Confédération