par Mohamed Gareche
Consultant relations internationales et nouvelles technologies
Le rapport 2020 du commerce extérieur de la France paru en février 2020 et réalisé par le bureau des échanges extérieurs et du risque-pays (MACRO 3) de la Direction générale du Trésor a témoigné d’un déficit extérieur de 57,9 milliards d’euros sur l’année 2019.
Synthèse conjoncturelle et structurelle de l’export français
Le rapport de 2021 paru en février 2021sur les chiffres de l’année 2000 met en lumières plusieurs informations. Intitulé « impact de la crise covid », ce rapport énonce que le déficit s’est accru de 7,3 milliards pour atteindre le résultat négatif de 65,2 milliards d’euros en 2020 en cette année de covid conduisant aussi à une perturbation des chaînes de transports et de logistique.
Dans ce même rapport, il est indiqué que Les exportations aéronautiques diminuent de près de moitié à 35 milliards d’euros en raison de la conjoncture. Petite parenthèse, étant donné qu’Airbus et Boeing sont les deux acteurs importants du monde aéronautique, que se passerait-il si les chinois concurrencent les occidentaux dans la production d’avions made in china et ainsi plus accessible ? Par ailleurs, dans la catégorie aéronautique, on y inclut aussi les vaisseaux spatiaux. Qu’en est-il de l’effet combiné de Elon Musk, Jeff Bezos, Richard Branson et de la Chine sur notre activité commerciale aéronautique ?
Une des informations les plus importantes réside dans l’importation des biens liés à la lutte contre la covid. En effet, le rapport pointe la forte hausse des biens utilisés pour la lutte contre la covid. La lutte contre la pandémie et les soins aux malades ont généré un recours massif et exceptionnel à certains produits pharmaceutiques et chimiques (alcool, désinfectants, réactifs pour les tests), appareils et matériels de laboratoires (dont appareils respiratoires), vêtements et autres articles textiles (blouses chirurgicales, masques, draps). Les importations de ces biens ont été multipliés par plus de trois passant de 3,1 Milliards d’euros en 2019 à 10,3 milliards en 2020. Parmi eux, les postes les plus importants sont les masques à 5,9 milliards et les tests à 1,6 milliards.
Ce papier n’a pas pour volonté de décrypter et analyser ce rapport bien qu’un travail en la matière serait nécessaire. Il s’agit plutôt ici d’exposer une architecture d’export permettant de booster les exportations françaises ayant un fort impact sur nos emplois en France et liées aux nouveaux enjeux internationaux. Il s’agit ici de présenter les Maisons Françaises et l’Equipe Française de Distribution placées sous la Société Française pour l’Export sous le contrôle du Ministère du Commerce Extérieur.
Présentation synthétique de l’architecture de la Société Française pour l’Export.
Sous le régime d’une entreprise privée à capitaux publics, l’actionnaire principale est l’Etat dont le ministère du commerce extérieur piloterait les actions. Les membres de cette société doivent être majoritairement issus du secteur privé avec une expérience dans l’export, le commerce, les relations internationales et la création de contenus. Ce personnel divers et variés devra mettre animés deux structures complémentaires : Les Maisons Françaises et l’Equipe Française de Distribution.
La création des Maisons Françaises (Commerce extra communautaire)
Il s’agit d’identifier les places mondiales où se font les échanges internationaux les plus importants et d’y installer des showrooms qu’on appellerait « Maisons Françaises » qui hébergeront différentes entreprises françaises répondant aux intérêts français du type préservation de la planète et de créations d’emplois sur le territoire français. Les Maisons Françaises ne doivent pas concerner les grandes entreprises françaises qui ont les moyens d’investir dans l’export.
Le fonctionnement des Maisons Françaises serait très « simple » : Elle contractera un bail pour une surface donnée dans un pays cible, aménage le lieu de telle façon à créer une identité propre, les sous-loue aux entreprises sélectionnées et crée des évènements culturels hebdomadaires de telle sorte à attirer les prospects de ces différentes entreprises sélectionnées ainsi que d’autres acteurs étant des répétiteurs de contenus. En réalité, il s’agit ici d’un outil de Soft Power puissant dans la mesure où cela va attirer directement les cibles visées récepteurs de contenus précis. En soi, il s’agit d’établir une « enclave » économique française dans un pays étranger. Ces prospects peuvent être des consommateurs finaux, des distributeurs et des officiels. Le seul coût pour une PME sera ainsi la location d’un espace à un prix raisonnable pour une durée déterminée, le salaire d’un représentant et ses frais annexes. Les Maisons Françaises seront financées par l’Etat mais aussi les revenus immobiliers de la location d’espace, d’un pourcentage à la vente de biens et services ainsi que d’autres activités culturelles visant à promouvoir la France.
Pour financer ces locations d’espaces, les PME ou Startup peuvent compter sur les outils de financements proposées par les autorités administratives françaises jusqu’à un certain prorata. Il s’agit ainsi de leur faire comprendre qu’il s’agit d’un investissement et non pas d’une aide totale de l’Etat. Effectivement, ce n’est pas l’Etat qui va vendre mais bel et bien les PME soutenues par l’Etat.
Les Maisons Françaises doivent allier convivialité, dépaysement, divertissement et opportunités d’exports pour les entreprises françaises. Concevoir ce lieu en sachant que la consommation finale des biens ou services se fera aussi ailleurs dans le monde. Dubaï, Singapour, New York, Lagos…doivent être en réalité considérés comme des catalyseurs d’exports.
L’Equipe Française de Distribution.
Mais cela n’est pas suffisant. En effet, bon nombre d’entreprises françaises qui répondent à des besoins précis se heurtent à la difficulté de trouver le bon distributeur sur place. Pratiquant des contreparties financières trop élevées ou bien ne comprenant pas la valeur ajouté de tels biens ou services, ces distributeurs sont, dans les pays d’exports, de véritables frein aux développements à l’international quand bien même une demande est présente. Par conséquent, pour doper les ventes de ces entreprises, l’Equipe Française de Distribution ouvrira dans chaque pays « vitrine » une entité en capacité de contracter des contrats locaux, d’entreposer les biens et assurer la logistique. Le marketing des biens et services peut être fournis soit par la PME soit par l’Equipe Française de Distribution.
Cette structure permet ainsi d’être réellement indépendant des sociétés de distribution locales et d’avoir une vraie maitrise du contenu. L’Equipe se financera de la même manière que n’importe quelle autre société de distribution ayant un business model basé sur l’achat revente.
En quelques mots, cette nouvelle architecture permettra à la fois d’avoir une meilleure visibilité des biens et services français dans le monde ainsi que se donner des marges de manœuvre beaucoup plus importante en matière de commerce international
Schéma