La guerre cognitive

L’ouvrage collectif intitulé La guerre cognitive a été rédigé en 2002. Il marque une étape importante dans l’approche conceptuelle de notre démarche de recherche dans la mesure où il aborde la question des affrontements informationnels par le contenu.

Contrairement aux publications très nombreuses qui existent dans le monde anglo-saxon sous la qualification d’information warfare, l’ouvrage La guerre cognitive ne fait pas l’impasse sur les stratégies offensives menées par des pays occidentaux comme les Etats-Unis à l’égard de leurs alliés.

Ce détail est d’autant plus important qu’il a conservé son caractère innovant. Aujourd’hui, les structures étatiques françaises qui travaillent sur le sujet, aussi bien au Ministère des Affaires Etrangères qu’au sein d’organismes de recherche comme l’IRSEM ou le CSFRS se polarisent sur les menées cognitives offensives de la Russie.

En revanche, ces administrations ou organismes de recherche n’étudient pas les intrusions cognitives des pays occidentaux dans la vie politique russe. Cette omission est pénalisante car elle a des répercussions sur la recherche académique. Les laboratoires de recherche et les universitaires hésitent à s’aventurer sur des terrains qui sont considérés officieusement comme « politiquement incorrect » par l’institution.

La désinformation orchestrée à propos des Armes de Destruction Massive encore détenues par le régime irakien, souligne l’importance de cette approche à 360 degrés des sujets très diversifiés relevant de la guerre cognitive. Dans ce cas d’école, les autorités américaines et britanniques sont à l’origine de la campagne de désinformation qui a servi de motif pour légitimer l’intervention militaire des Etats-Unis d’Amérique contre le régime de Saddam Hussein. Rappelons à ce propos que les autorités françaises du moment n’étaient pas favorables à cette intervention.

Il nous semble donc important de ne pas étudier cette dimension conflictuelle en procédant par omission lorsqu’il s’agit par exemple d’un pays de l’OTAN ou de toute autre forme d’alliance. L’EPGE se donne comme principe élémentaire de recherche, la liberté d’analyser les situations de guerre cognitive, sans recourir à la censure ou l’autocensure sous un prétexte politique, idéologique ou religieux.