Fausse guerre et vraie guerre

par un collectif d’anciens élèves de l’Ecole de Guerre Economique

Guerre, La Guerre Nucléaire, Rouge, Bouton, Doigt

Des Français meurent du Covid-19 et lorsque les collectivités locales achètent des masques de protection en Chine, les Etats-Unis surenchérissent sur le tarmac d’un aéroport chinois pour rapporter ce produit très disputé sur le sol américain. Ce n’est ni un poisson d’avril, ni une « fake news » mais un exemple symptomatique d’une guerre économique larvée depuis des années qui est mis au grand jour par la pandémie du Coronavirus.

Depuis plus de vingt ans, l’Ecole de Guerre économique développe, comme son nom l’indique, ses analyses autour d’un concept que beaucoup d’intellectuels français ont longtemps nié: la guerre économique. Les libéraux considèrent que le « doux commerce » décrit par Montesquieu empêcherait les Etats de se déclarer la guerre du fait de leur interdépendance commerciale. Donc la guerre économique est un oxymore idéologiquement indépassable pour certains. Néanmoins la crise du Covid-19 est une occasion pour ceux qui le veulent de comprendre le dessous des cartes de la « mondialisation heureuse ».

Le président de la République a utilisé le mot « guerre » pour évoquer la crise sanitaire du COVID-19. Pour les militaires, ce terme est impropre car dans cette crise sanitaire il n’y a pas d’ennemi qui manœuvre mais un virus passif qui révèle les faiblesses de notre ligne Maginot.

Néanmoins cela nous amène à filer la métaphore militaire afin d’analyser la guerre économique mondial, et la posture de combat prise par le gouvernement français.

L’affrontement commercial entre les Etats-Unis et la Chine avait déjà commencé à se déporter sur le territoire européen mais la crise mondiale qui s’annonce va amplifier ce phénomène.

Avant d’entrer en guerre, les belligérants s’arment et renforcent leurs frontières. Les armes de cette guerre sont celles observées depuis longtemps : concurrence déloyale, investissements des fonds prédateurs, désinformation, utilisation des lobbys, instrumentalisation des lois extraterritoriales, espionnage industriel, cyber attaques…

En ce qui concerne les attaques grâce aux investissements dans des sociétés étrangères, les deux grands avaient mis en place  les barbelés.

Le président Trump a promulgué la loi Foreign Investment Risk Review Modernization Act (FIRRMA ) le 13 août 2018. Cette loi permet de se couvrir face aux volontés d’investissements étrangers aux Etats-Unis. Aujourd’hui, acquérir une société américaine ou prendre des parts dans un laboratoire qui développerait une technologie utilisable pour défendre la « sécurité nationale » est quasi impossible. L’acheteur devra fournir un nombre de données considérable lors d’une due diligence extrêmement intrusive. Maitre de ses frontières, de sa monnaie et fort de sa puissance, les Etats-Unis sont le plus redoutable adversaire dans la guerre économique.

Quant à la Chine, elle use déjà de pratiques déloyales (espionnage industriel, dumping, retro-engineering…) et la pénétration de son marché est aussi très complexe (partenaire chinois, dépôt de liquidités importantes dans une banque chinoise…) et son second rang de puissance économique en fait aussi un participant extrêmement dangereux dans ce combat.

Ces deux pays possèdent une doctrine économique « America first » et « sécurité nationale » pour les Etats-Unis quant à la Chine, elle souhaite qu’en 2049, centenaire de la naissance de la République populaire de Chine, elle devienne la première puissance mondiale. Lors d’un congrès national du parti, en octobre 2017, Xi Jinping a fixé cet horizon pour faire de la Chine un « pays socialiste moderne » qui se « hissera au premier rang du monde ».

Les deux grandes puissances se neutralisent tel  « l’équilibre de la terreur » au moment de la guerre Froide. La signature le 15 janvier 2020 de l’accord commercial entérine un découpage entre le monde selon Amazon et le monde selon Alibaba. Les parts de marché restant à saisir se trouvent donc bien sur le théâtre Européen.

Les Etats-Unis et la Chine, aussi durement touchés par cette crise, avaient déjà commencé à entrer consciemment dans la guerre économique. C’est grâce à cette posture de combat, à leurs puissances et à leurs visions stratégiques qu’ils relanceront leurs économies avant l’Europe.*

Pour tenter d’anticiper ce qu’il va se passer, il ne faut pas remonter trop loin dans l’Histoire. Suite à la crise de 2008, la Chine en a profité pour se positionner comme ce fut le cas de la Grèce avec l’achat du port du Pirée. Inclus dans l’initiative « One Belt, One Road » ce projet pharaonique est une démonstration de l’offensive chinoise. La France, tenue par sa dette abyssale, ne se défend pas de son côté et l’aéroport de Toulouse-Blagnac avait été vendu en 2015 à Casil Europe, ce qui fut perçu à l’époque comme la démonstration de force de la Chine en matière d’investissements. Cet aéroport fut d’ailleurs revendu à Eiffage fin 2019

Pour se défendre, l’Union Européenne poursuit l’idéologie mortifère de la libre concurrence à tout crin. L’exemple d’Alstom et Siemens, qui en janvier 2019 souhaitaient créer un géant européen du ferroviaire, est riche d’enseignement. La commission européenne a jugé que ce rapprochement serait néfaste pour la concurrence. Du coup au lieu de créer une entreprise de taille mondiale susceptible de remporter des marchés à l’extérieur de l’UE, la commission a limité sa réflexion au marché intérieur. C’est Munich en 1938 : l’orage gronde mais nous préférons appliquer des principes illusoires alors que dans le champ de bataille de la mondialisation les deux grandes puissances ont fourbies leurs armes. Il ne faut pas accuser l’Union Européenne de ne pas avoir géré cette crise sanitaire car l’organisation et la fourniture de soins de santé relèvent de la responsabilité des pays membres.

Il est donc évident que le nombre de faillites à venir de sociétés en France et en Europe suite à la crise du Covid-19 va constituer un vaste marché où vont s’affronter les fonds d’investissements américains et chinois. Ces derniers pourraient se montrer très agressifs, appuyés par la puissance étatique qui possède 3 000 milliards de dollars de réserves de changes, environ 1 200 milliards de bons du Trésor américains et au moins autant d’obligations européennes. La France va devoir se positionner habilement afin de préserver un certain nombre de « pépites » et conserver le peu d’indépendance qu’il lui reste. Quand à recouvrer une réelle indépendance sanitaire et alimentaire,  les mots ont été prononcés mais l’Etat devra mettre en place des réponses concrètes. Les archives de l’Etat regorgent de rapports qui sont restés lettre morte. On peut évoquer par exemple le rapport Gauvain.

Pour être efficace une armée doit être renseignée

La guerre se conduit selon plusieurs principes et fonctions stratégiques. Publié le 29 avril 2013, le Livre blanc sur la défense et la sécurité nationale constitue le quatrième exercice du genre (après ceux de 1972, 1994 et 2008). A noter d’ailleurs que le livre blanc sur la défense et la sécurité nationale avait évoqué les crises « non militaires » comme la crise sanitaire que nous traversons. En lien avec la stratégie nationale du renseignement, le plan national d’orientation du renseignement (PNOR) est un élément essentiel destiné aux services de renseignement français afin de fixer leurs priorités.

La fonction « connaissance et anticipation » vient au premier plan d’une opération militaire. Elle repose sur le renseignement fourni par des services et unités spécialisés. Il est donc important d’orienter ces capteurs face aux adversaires principaux. Le renseignement économique tend à prendre une place de plus en plus importante ; si cela semble politiquement aisé d’observer la Chine, il est plus difficile aux élites acquises aux intérêts américains de surveiller un allié dans la lutte contre le terrorisme qui est pourtant un concurrent redoutable sur le plan économique. L’Oncle Sam est souvent de mauvaise foi et use de toute sa puissance pour conserver son hégémonie même face à des partenaires politiques. Il suffit de se reporter aux nombreuses publications de l’EGE sur l’extraterritorialité du droit américain.

Concernant la crise du Covid-19 qui a débuté en Chine en décembre 2019, les services de renseignement  ont donc été soit mal orientés, soit ont informé les plus hautes autorités politiques qui n’ont pas pris en compte ces renseignements. En effet, le gouvernement semble avoir initialement minimisé cette épidémie car les spécialistes se fondaient sur les chiffres livrés par les autorités chinoises. Telle une parole d’Evangile, nos décideurs auraient donc établi leur scénario de propagation du virus en France sur les chiffres chinois.

Il est bien sûr difficile de recueillir des informations dans un pays fermé comme la Chine, mais le gouvernement français a donc considéré que le champion de l’espionnage industriel, le pays où la presse est contrôlée … va confiner un des grands centres économiques pour une simple épidémie. La Chine reconnait officiellement 3330 décès suite au Covid-19 et vante son système politique tellement protecteur : vive la dictature !

En intelligence économique comme dans le renseignement, les informations sont recoupées et les sources cotées. Naïveté coupable ou cynisme politicien ? Les enquêtes et commissions parlementaires déjà promises pourront peut-être répondre à cette question.


L’influence et l’information sont des armes qui prennent une place de plus en plus importante dans les conflits modernes.

L’image des armées à l’heure d’internet, de la globalisation, des réseaux sociaux est devenue un enjeu majeur. Le « caporal stratégique » peut mettre à mal l’opération d’un groupement sur le terrain si sa posture dans la dimension informationnelle n’est pas maîtrisée. Faut-il rappeler par exemple, le cas d’un légionnaire photographié en 2013 portant  un masque représentant une tête de mort au Mali lors de l’opération Serval a attiré les projecteurs de la presse généraliste. Cet épiphénomène a occulté le travail réalisé par l’armée française durant l’opération Serval.Les Armées connaissent depuis de nombreuses années la propagande réalisée par l’ennemi mais le terrain de la guerre de l’information semble aujourd’hui totalement délaissé par le gouvernement français. A l’inverse, la contre-attaque chinoise ne s’est pas fait attendre et le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Zhao Lijian avait laissé entendre que l’armée américaine aurait introduit le virus à Wuhan, la ville chinoise d’où est partie l’épidémie.

La Chine a décidé de se présenter comme un sauveur alors qu’elle est à l’origine du virus. Les aides apportées à des pays d’Afrique ou à l’Italie sont des exemples d’actions d’influence qui rappellent ce que le Centre interarmées des actions sur l’environnement (CIAE) développe lors d’une intervention militaire. Sur un fond récurrent d’anticolonialisme, les actions de dénigrement envers les expatriés français sont de plus en plus importantes. Bien entendu tout cela n’est pas désintéressé et, lorsque la crise sera terminée, les gouvernements se souviendront de l’aide apporté par la Chine.

De son côté, la France peine à développer une communication cohérente et à délivrer une information de qualité. Lorsque les canons grondent la troupe doit être soudée or les querelles de journalistes, les guerres de spécialistes, médecins, politologues… font ressortir le mal français du « village gaulois ».

« L’étrange défaite » de l’Etat français

Comme en 1940, la France est entrée en guerre avec des certitudes. Nous avions « la meilleure armée du monde » qui fut balayée en mai 40 comme notre système de santé « que le monde nous envie » est à la limite de l’implosion. Dans ces deux cas, c’est l’absurdité de l’administration française et les problèmes de logistique qui mettent en lumière l’impréparation des élites françaises. Le gouvernement actuel ne porte pas seul la responsabilité de cette crise, ce qui amène une réflexion plus profonde sur les actions qui doivent être priorisées pour une bonne gouvernance. Le réel se rappelle à nous. La consanguinité des élites et leur endogamie est chose mortifère dans cette crise. Leur culte atavique de l’argent et leur échelle de valeurs, contraires à celle du soldat prêt à mourir pour son pays, amènent à ce que cette crise sanitaire débouche sur une crise économique voire sociale. Les incantations traditionnelles de démocratie, valeurs républicaines, laïcité, progressisme, etc… proférées à longueur de temps sur les plateaux télé ne serviront à rien : nos gouvernements ont failli.

Depuis des années le service public est perçu comme un coût et non un investissement pour l’avenir. Comme il aura fallu le traumatisme des attentats de 2015 pour que la courbe des dépenses militaires s’inverse, la crise du Covid va devoir amener une réflexion sur la réorganisation de la santé en France. Cela devra être repensé totalement. Il ne s’agira pas de rajouter des postes auparavant supprimés ou dérembourser tel médicament. La défense et la Santé sont des assurances qui coûtent cher mais la sécurité et la santé sont les deux premières pierres de la pyramide de Maslow.

Les militaires savent bien que : « la première victime de la guerre c’est le plan ! » mais toutes les réflexions menées en amont et les structures de commandement permettent aux armées de s’adapter face aux successions de crises qui constituent la guerre. Or, l’impréparation de l’administration française, son dogmatisme et la rigidité de ses structures ajoutés à la complexité de la prise de décision (cf shéma en note de fin) ne permettent pas une réponse efficiente à cette crise globale. Notons à ce propos que L’ARS du Grand Est a annoncé d’ailleurs la poursuite des déflations de postes.

Les intérêts personnels au détriment des intérêts collectifs.

Dans les Armées c’est le collectif qui remporte la victoire. Aujourd’hui les egos de nos décideurs et la toute-puissance des jeux de cour empêchent les prises de décisions rapides et objectives que la crise impose. Quand le général en chef Buzin quitte le terrain avant la bataille, évoque après sa défaite aux élections municipales  «une mascarade » et que son mari ancien directeur de l’INSERM (qui fut en conflit avec le professeur Raoult) cela manque de cohérence. S’ajoute à ces guerres d’ego d’autres facteurs. Les militaires français doivent posséder la nationalité française car on considère que la fidélité d’un homme ne peut aller qu’à un seul drapeau. Excepté pour la Légion Etrangère mais il est prévu que le seul cas ou un légionnaire peut refuser de sa battre s’est si la France déclare la guerre à son pays d’origine. Or aujourd’hui, les grands spécialistes médicaux on fait allégeance à d’autres.

Ainsi, Karine Lacombe, chef du service des maladies infectieuses à l’hôpital Saint-Antoine à Paris, est désormais connue pour s’opposer au professeur Didier Raoult, le défenseur de la chloroquine. Or Karine Lacombe a perçu plus de 150.000 $ de la part de laboratoires américains AbbVie (anciennement Abbott) et Gilead entre 2014 à 2019. Un tiers de ces sommes lui a été apporté par deux laboratoires qui développent des produits concurrents de la chloroquine. Cette collusion n’implique pas que Karine Lacombe soit aux ordres des laboratoires américains mais sème le doute sur ses motivations.

Autre exemple, celui de Yazdan Yazdanpanah, chef de service à l’hôpital Bichat et aussi coordonnateur des essais cliniques français sur le coronavirus. Il a lui aussi perçu de l’argent de la part des laboratoires américains AbbVie et Gilead dont il a la charge d’évaluer les médicaments. Autrement dit, les essais cliniques Discovery lancés au niveau européen, sont menés en France par un homme ayant reçu des sommes d’argent de la part des laboratoires dont les médicaments sont testés. Il ne s’agit pas ici d’en déduire que Yazdan Yazdanpanah serait acheté par ces laboratoires, mais si l’on veut retrouver la confiance de la Nation en ceux qui dirigent à sa destinée il faut comprendre que ces interactions sèment le trouble dans l’opinion publique.

Ces pratiques, très répandues, consistant à financer personnellement des praticiens hospitaliers ne sont ni illégales ni la preuve d’une corruption. En revanche, on peut s’interroger sur le biais intellectuel que ces liens financiers entre les laboratoires et Karine Lacombe et Yazdan Yazdanpanah ont pu provoquer dans des prises de décisions aussi importantes pour la santé des français.

Le site Eurosfordocs permet trouver des relevés des sommes perçues par les médecins français de la part des laboratoires pharmaceutiques Si ces pratiques sont toutes à fait légales, et que ce site ne révèle donc aucun délit, au moment où la guerre des laboratoires fait rage sur le futur marché du coronavirus, il serait bon que les spécialistes choisissent leur camp. Alors que les acteurs de l’essai Discovery sont largement soutenus par les laboratoires américains, Sanofi soutient une solution française.

La France ne se réforme que suite à des crises ou des révolutions

Il ne faudrait pas ici réduire la crise à son simple aspect économique. « La société de consommation » théorisée par Jean Baudrillard est toute entière remise en cause. Une crise sociétale se dessine et elle pourrait  être un changement de paradigme bien plus profond que cette crise sanitaire.

Michel Maffesoli avait montré dès 1979 que corrélativement à l’idéologie du service public, le progressisme s’employait à justifier la domination sur la nature, à négliger les lois primordiales de celle-ci et à construire un monde selon les seuls principes d’un rationalisme dont l’aspect morbide apparaît de plus en plus évident. « La Violence totalitaire d’un progressisme à la fois benêt et destructeur : le point nodal de l’idéologie progressiste, c’est l’ambition voire la prétention de tout résoudre, de tout améliorer afin d’aboutir à une société parfaite et à un homme potentiellement immortel. » ( M.Maffesoli, La Violence totalitaire (1979) in Après la modernité, CNRS Éditions, 2008).

Les militaires ont la mort pour compagne et les français pour qui la mort a été rejetée depuis des années retrouvent derrière les chiffres déclamés tous les soirs par le professeur Salomon la réalité de notre condition d’homme décuplée par l’impuissance des pouvoirs publics. Bien que les comparaisons entre pays servent d’alibi pour expliquer aux Français que la situation est meilleure qu’en Italie, en Espagne ou aux Etats-Unis cela ne trompe pas les observateurs attentifs. On peut faire dire ce que l’on veut aux chiffres surtout lorsque les systèmes informatiques de remontées des agences régionales de santé ne sont pas fiables ou sont piratés.

Aujourd’hui, tout ramène à l’état mortel de l’Homme. Notre système semble incapable de protéger les citoyens ; ni l’Etat, ni l’Europe, ni les médecins, ni le progrès ne peuvent les sauver. On ne peut pas faire reposer toute la responsabilité de cette crise sur le gouvernement actuel mais les erreurs du passé devront être assumées par ceux qui sont au pouvoir. Les politiques changent mais la haute administration, abreuvée au dogme de l’ENA et sûr de sa supériorité, est bien la source dans l’arbre principal des causes de la gestion catastrophique de cette crise.

C’est donc dès maintenant que le gouvernement doit s’appliquer à redresser la France en changeant de paradigme, en se montrant disruptif pour reprendre un terme à la mode.

Pour conclure…

L’exemple de l’hôpital de campagne déployé par les armées à Mulhouse permet de mettre en exergue la différence entre la théorie et la pratique. Les Armées, dernier recours de la Nation aux yeux des français, ne peuvent mettre en place que 30 lits de réanimation car leur service de santé est taillé au plus juste pour un corps expéditionnaire.

Déjà empêtré dans une dette publique bien plus extravagante que celle de la Chine, le bloc Etats-Unis d’Amérique/Europe risque de très vite se faire dépasser. Plus grave encore, un des deux pourraient s’allier avec l’Empire du Milieu pour affaiblir le troisième acteur. Il faut aussi noter qu’elle possède des participations dans de nombreuses entreprises à travers la planète. Tout cela pourrait pourrait être utilisé pour faire pression sur les Etats-Unis et l’Europe pour ne pas tourner le dos aux entreprises et aux produits chinois.

Les États-Unis sont le premier investisseur en France, devant le Royaume-Uni et l’Allemagne. Il va donc falloir être agile et ne pas bloquer ces investissements indispensables à la vie économique française tout en fixant des limites pour protéger notre indépendance. Un allié sincère peut comprendre que la France souhaite conserver certaines prérogatives. Il semblerait que l’Etat commence à comprendre que la France doit conserver son industrie de défense ; il faut maintenant que ce mouvement s’accentue et s’étende à la santé et à l’alimentation.

La France doit donc se préparer pour l’intensification de la guerre économique qui va avoir lieu suite à la crise du Covid-19. Les dirigeants français doivent revoir leur logiciel de pensée et les Français eux-mêmes doivent sortir de l’adolescence. L’homo festivus[1] est mort sur l’autel du coronavirus et la Nation doit se mettre au travail si elle ne veut pas devenir une colonie américaine ou chinoise.

La place de la France dans la mondialisation doit être repensée. Cette valeur dominante d’une élite qui, toutes tendances confondues, reste obnubilée par un marché sans limite, sans frontière où l’objet prévaut sur le sujet, le matériel sur le spirituel ne doit plus être regardée comme le signe du progrès éternellement « en marche ».


[1] En ces temps de confinement, il est conseillé de relire Philippe Muray !