La Turquie confrontée à la problématique énergétique

Chute D'Eau, Noir Et Blanc, L'Eau, Les Eaux

Rapport réalisé dans le cadre d’un exercice mené au sein de la RSIC03 de l’Ecole de Guerre Economique.

Dans le camp des perdants après la première guerre mondiale, la Turquie s’est vue reléguée au rang de pays faible, loin des nations occidentales. Au cours du dernier siècle, le gouvernement turc s’est appliqué à rebâtir les fondations d’une nation forte qui pourrait revendiquer sa place sur la scène internationale, adoptant une dynamique d’affirmation de puissance à la mesure de son ambition.

Cette dynamique s’est récemment muée en politique d’accroissement de puissance, bien plus dangereuse, et qui s’observe notamment dans la stratégie énergétique turque menée par Erdogan depuis 2003. La Turquie trouve en effet dans le secteur énergétique à la fois un socle solide pour satisfaire les besoins croissants liés à son développement et un moyen de pression pour se rendre incontournable dans l’importation énergétique européenne. 

Initialement dépendant de sources d’énergie étrangères, le pays a investi depuis plusieurs années dans des structures d’acheminement de gaz et de pétrole vers son territoire, multipliant les partenariats et se positionnant ainsi progressivement en porte d’entrée incontournable pour pénétrer le marché européen. La Turquie a réussi ce tour de force de transformer sa faiblesse, l’absence de capacité de production d’énergie, en avantage stratégique. Elle se sert aujourd’hui de cet atout pour fédérer ses partenaires commerciaux et se constituer en carrefour énergétique.

Mais cette montée en puissance ne se fait pas sans heurts : l’affirmation de la Turquie comme un acteur de premier plan, héritier du grand empire Ottoman, ne se limite pas aux frontières de son territoire. Désormais, elle n’hésite plus à adopter une posture agressive de conquête des ressources étrangères afin de renforcer sa position, usant de ses différents leviers de négociation pour se protéger d’éventuelles représailles.

Enfin, pour gagner en autonomie, la Turquie diversifie également ses sources de production d’énergie propres et réduit sa dépendance à l’importation. Cet opportunisme est marqué par le programme de développement de sources d’énergies renouvelables et nucléaires sur son territoire à l’horizon 2023.

A terme, il faut redouter que ce levier de négociation énergétique ne vienne s’ajouter à la pression migratoire, pouvant placer un pays comme l’Allemagne dans une situation très tendue et pour qui ces problématiques représentent un véritable talon d’Achille.

Lires les PDF :

Le poids de la faiblesse financière sur sa problématique de puissance

Pour mémoire :