La dépendance économique de la France

Silhouette, Mains, Menottes, Liberté, L'Homme, Voleur

par Amandine Mamelin, master «Politique d’entreprise et régulations sociales» – Université Paris Dauphine. Directrice de campagne pour les élections municipales de Cergy.

Rebecca Meyer, master 2 de Communication politique et publique.
Directrice des Relations Institutionnelles et des partenariats VVF Villages.

Gérald Monbel, ingénieur EPITA. Intermédiation entre investisseurs institutionnels et établissements financiers AUREL BGC.

La dépendance économique est un concept qui revêt divers aspects, qui peuvent parfois sembler contraires, et pourtant, c’est un sujet de la plus haute importance, comme a pu nous le rappeler la crise de la COVID-19. Qu’en est-il en France ? Comment mesurer l’étendue des secteurs stratégiques si est prise en compte la notion de résilience d’un peuple confronté à des catastrophes majeures ?

Pour rappel, la France est, actuellement, la 6ème puissance économique mondiale, selon la Banque Mondiale et le FMI et la 2ème puissance économique européenne. L’économie française est majoritairement basée sur la production de services. Ainsi, le secteur tertiaire représente plus des 3/4 des emplois de la population active, contre moins de 3% pour le secteur primaire et environ 20% pour le secteur secondaire.

Depuis plusieurs décennies, l’économie française tend à s’ouvrir de plus en plus vers l’économie internationale, notamment avec ses échanges commerciaux intra européens. Selon l’Organisation Mondiale du Commerce, la France se place au 7e rang des pays exportateurs de biens et de services et occupe le 5e rang des pays importateurs. En 2016, les exportations de la France représentaient 33% de son PIB et ses importations représentaient 35%[1].

Pascal LOROT, économiste et géopolitologue, définit la France comme une « vieille nation, pilier historique de la construction européenne, ancienne puissance coloniale présente en son temps aux quatre coins de la planète, un des cinq « grands » titulaires d’un siège de membre permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, puissance nucléaire : autant d’atouts qui rassurent et laissent à croire que la France dispose encore d’une place à part sur l’échiquier de la puissance et de l’influence »[2].

Cependant force est de constater que la France est entrée dans une phase de réduction significative de son appareil industriel , ainsi qu’un déficit endémique de son commerce extérieur. Ce déclin économique accentue les périmètres de dépendance de secteurs économiques à l’égard des économies étrangères. la France perd de l’influence notamment en Afrique et au Proche-Orient et se retrouve confrontée à une pression – notamment économique – exercée par d’autres pays, ce qui pose de plus en plus la question de la vision stratégique de cette dernière.

La dépendance économique et la notion de souveraineté ont été des concepts abandonnés par les dirigeants français depuis des décennies car ils étaient considérés comme obsolètes et appartenant à « l’ancien monde ». Le monde était devenu hors-sol, seul comptait le commerce international, la notion d’indépendance et de protection, réputée à contre-courant de l’évolution mondiale, était dépassée, trop réactionnaire et conservatrice. Il faut remonter à DE GAULLE pour trouver une vision systémique d’indépendance. Il n’a guère été suivi.

Pourtant, avec la crise économique qui a découlé de la crise sanitaire due à la pandémie du virus Sars-Cov-2, les décideurs français ont pris conscience de la dépendance de la France à des produits essentiels à la survie de la nation. La pénurie de masques de protection respiratoire, la délégation de la production de médicaments et de vaccins à l’étranger ont plongé la France dans un gouffre économique et sanitaire. La « mondialisation heureuse » chère à Alain MINC [3] ou Thomas FRIEDMANN [4], estimée bénéfique, tombait de son piédestal.

Afin d’étudier la dépendance économique, de la France en particulier dans le cadre de ce projet, il est nécessaire de définir ce qu’est la dépendance, notamment économique pour une nation. Pour cela, nous allons parcourir différentes approches conceptuelles originales qui vont permettre de déterminer comment et pourquoi des États sont dépendants et quelles sont les comportements de différents acteurs face à cette problématique. Différents exemples s’appliquant à la France illustreront ces théories.


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Notes

[1] OCDE, France : note statistique sur les échanges et l’investissement, 2017.

[2] Pascal Lorot, « La France et le monde, un divorce à la française », Géoéconomie, n°40, avril 2007.
[3] Alain Minc, La mondialisation heureuse, Paris, Plon, 1997.
[4] Thomas Friedman, La Terre est plate. Une brève histoire du XXIe siècle, Paris, St Simon, 2006.