La culture française de l’intelligence

La France a mis longtemps à structurer sa culture dans le domaine de l’intelligence. Jusqu’à la fin du siècle dernier, le mot renseignement avait une connotation péjorative au sein des élites françaises. Le monde politique considérait cette activité comme dégradante et l’assimilait aux pratiques de basse police, contraires à une bonne manière de gouverner. Ce n’est qu’à partir des années 2000 que la tendance s’est inversée. Les carences mises en exergue lors de la Première Guerre du Golfe ont amené le pouvoir politique à entamer des réformes qui vont s’échelonner sur plus d’une décennie (réforme du renseignement militaire, réforme du renseignement extérieur, réforme du renseignement intérieur, évolution des rapports entre les différents services, création d’un poste de coordinateur du renseignement placé auprès du président de la République). Ce changement s’est opéré dans le cadre d’un consensus politique relativement constructif. Il fallait un acte fondateur qui légitime les métiers du renseignement. La gauche a débloqué la situation en créant la Direction du renseignement militaire (DRM). En revenant au pouvoir, la droite a ensuite validé cette réforme et a pu ainsi faire passer dans l’opinion publique la reconnaissance de l’action des services secrets dans l’action gouvernementale.


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